Titre : When Evil lurks
Réalisateur : Demian Rugna
Acteurs : Ezequiel Rodríguez, Demián Salomón, Silvina Sabater, Luis Ziembrowski, Marcelo Michinaux, Emilio Vodanovich
Date de sortie en France :
Genre : horreur
Synopsis :
Après avoir découvert un cadavre mutilé près de leur propriété, deux
frères apprennent que les événements étranges survenant dans leur
village sont causés par un esprit démoniaque qui a élu domicile dans le
corps purulent d’un homme. Le mal dont souffre ce dernier ne tarde pas à
se répandre comme une épidémie, affectant d’autres habitants de la
région.
Des éclats de rire insolents, des invitations à forniquer avec votre génitrice, des paroles incompréhensibles, des corps tordus dans tous les sens, du vomi : il ne s'agit pas du dernier clip d'un rappeur français à la mode, mais d'un condensé assez exhaustif de ce que l'on retrouve dans quasiment 100% des films de possession des 50 dernières années. Car s'il est un genre qui peine à se renouveler, plus encore que le slasher, c'est bien le sous-Exorciste, avec ses dizaines de clones infréquentables. En 2023 encore, "L'Exorciste du Vatican" (malgré la performance sympathique de Russell Crowe) ou "L'Exorciste Dévotion" semblaient indiquer qu'il n'y a pas grand chose à espérer du genre. Pourtant, à bien creuser, on peut trouver quelques exceptions : le fascinant "The Witch", l'éreintant "The Strangers" ou l'éprouvant "The Medium", par exemple. Et en 2023, c'est d'Argentine que viennent les ténèbres, avec When Evil lurks.
Le point de départ est le suivant : deux frères découvrent un homme qu'ils identifient immédiatement comme possédé. L'idée est assez simple, mais présente immédiatement une certaine originalité puisque les personnages reconnaissent immédiatement la nature de la menace, loin des tergiversations accompagnant généralement la santé des possédés dans la plupart des films du genre. Néanmoins, ils ignorent comment affronter cette menace, malgré quelques réflexes immédiats, d'autant que les autorités font la sourde oreille. En quelques minutes, Demian Rugna nous présente, avec une redoutable efficacité, quelques règles particulières relatives à cette possession (ne pas toucher le possédé, ne pas utiliser d'arme à feu, ne pas utiliser de lumière électrique...) ainsi que les traits principaux de ses personnages, aux caractères bien trempés. Tellement bien trempés qu'ils vont malencontreusement participer à la propagation du Mal.
Car ici, le Mal engendre littéralement le Mal, et le fait de ne pas respecter les règles entraîne des conséquences tragiques : il est fort probable que vous y réfléchirez à deux fois après avoir vu le film avant de violer le conseil de vous éloigner des animaux. Malheureusement, Pedro, Jaime et Ruiz sont des hommes sanguins, une faille que va aisément utiliser le Démon en utilisant leur colère, leur tristesse, leur peur et leur bêtise pour se développer. Si le concept est classique dans le genre, il est ici brillamment exploité, en confrontant en permanence les personnages à leurs failles, à leurs espoirs, à leurs histoires. Pedro, par exemple, le personnage principal, est obsédé par la sécurité de ses fils, dont l'un est autiste, qu'il ne peut plus voir depuis son divorce. Jusqu'au bout, ces éléments influeront sur ces décisions, en faisant un personnage imparfait et nuancé, ce que j'ai tout particulièrement apprécié.
C'est d'ailleurs l'une des principales qualités de When Evil lurks : sa radicalité. Loin d'un cinéma consensuel et trop propre que l'on voit trop souvent, il n'hésite pas à frapper là où ça fait mal, à explorer des thématiques sombres, renforçant parfaitement le sentiment de malaise qu'il fait naître chez le spectateur. Le Mal peut frapper fort, à n'importe quel moment (une bonne partie du film se déroule d'ailleurs de jour), et semble simplement omniprésent. On appréciera d'ailleurs la qualité des maquillages, notamment chez Uriel, possédé complètement déformé par ce qui le ronge, et semblant transpirer le pus et le Diable par tous les orifices.
When Evil lurks est ainsi la pépite que l'on osait plus attendre sur une thématique trop souvent synonyme de navets. En nous offrant un regard neuf sur le sujet de la possession, et en allant jusqu'au bout de ses idées (la façon de détourner certains éléments sacrés est brillante), Demian Rugna nous livre un film très réussi, qui se hisse sans problème parmi les meilleurs films d'horreur de ces dernières années. Espérons qu'après sa tournée des festivals, le film (actuellement disponible sur la plate-forme Shudder) parvienne à se faire une place sur nos écrans de cinéma !
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