Titre : Le Fils de Saul (Saul Fia)
Réalisateur : Laszlo Nemes
Acteurs : Géza Röhring, Levente Molnar, Urs Rechn
Date de sortie en France : 4 novembre 2015
Genre : drame
Synopsis :
Octobre 1944, Auschwitz-Birkenau. Saul Ausländer est membre du Sonderkommando, ce groupe de prisonniers juifs isolé du reste du camp et forcé d’assister les nazis dans leur plan d’extermination. Il travaille dans l’un des crématoriums quand il découvre le cadavre d’un garçon dans les traits duquel il reconnaît son fils. Alors que le Sonderkommando prépare une révolte, il décide d’accomplir l’impossible : sauver le corps de l’enfant des flammes et lui offrir une véritable sépulture.
Avis :
Grand Prix au Festival de Cannes, Le Fils de Saul réussit le difficile pari de nous plonger dans l'univers des camps de la mort nazis pendant la Seconde Guerre Mondiale. Laszlo Nemes nous fait suivre Saul, Sonderkommando juif contraint de travailler dans les crématoriums ou des centaines d'innocents sont exécutés chaque jour. Un quotidien passé à tutoyer la mort, jusqu'à ne plus voir les victimes menées à l'abattoir que comme des silhouettes floues, sans visage, sans identité.
Pourtant, au milieu de ces montagnes de cadavres, il y aura donc celui de ce jeune garçon, qui va devenir une obsession pour Saul. La mort reprend soudain un visage, et avec ce visage vient la volonté de donner une vraie sépulture, comme pour se réapproprier une mort qui a également été volée/violée par les nazis. Saul devra donc récupérer le corps, le cacher, l'enterrer et trouver un rabbin afin d'accompagner la maigre cérémonie.
Nemes choisit d'adopter le point de vue unique de son personnage, le serrant de près pendant de longs plans-séquences, ne nous laissant saisir que les images et conversations qu'il perçoit. Le film joue ainsi sur les sens, et si l'on ne voit que très peu d'horreurs, l'ouïe nous permet d'en saisir beaucoup, notre imagination faisant le reste. La scène d'introduction, où nous ne pourrons qu'entendre les hurlements des juifs enfermés dans les douches, est ainsi l'un des passages les plus glaçants du cinéma. Seul petit bémol, la séquence de l'émeute qui, si elle retranscrit parfaitement le chaos ambiant, est un peu pénible à suivre.
Le Fils de Saul est un film d'une rare puissance, aussi glaçant qu'intelligent. L'un des plus gros chocs de cette année 2015, et l'une des oeuvres cinématographiques les plus marquantes sur la Shoah.
Note : 9.5/10
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