samedi 30 janvier 2016

Salafistes


Titre : Salafistes
Réalisateurs : Lemine Ould M. Salem, François Margolin
Acteurs : -
Date de sortie en France : 27 janvier 2016
Genre : documentaire

Synopsis : 
Un documentaire qui nous plonge au coeur du djihadisme au Mali...

Avis : 
Au milieu des procès d'intention, des polémiques parfois douteuses, Salafistes est donc finalement sorti en salles le 27 janvier 2016. Enfin, dans un très petit nombre de salles, et accompagné d'une interdiction aux moins de 18 ans, une solution parfaite pour prétendre donner une chance au documentaire tout en le sabordant de manière aussi certaine que si on l'avait interdit.


Le documentaire de Lemine Ould M. Salem et François Margolin nous propose donc d'écouter des leaders salafistes, sur divers sujets comme la justice, la place de la femme, les autres religions, l'Etat Islamique, les attentats du 11 septembre 2001 puis du 13 janvier 2015... Le tout entrecoupés d'extraits de vidéo de propagande de Daesh. Des témoignages très intéressants, dans lesquels apparaissent rapidement des inexactitudes, des contradictions, des arguments étranges qui tranchent radicalement avec la prétendue logique et réflexion qu'invoquent ces intervenants. Si le sujet n'était pas aussi grave, et les conséquences de certaines idioties aussi terribles, on en viendrait presque à sourire.

Certains ont reproché au film l'absence de commentaire, de mise en perspective. Bref, on reproche à Salafistes le pari apparemment insensé de faire réfléchir un peu le spectateur. Pas besoin de voix off pourtant, pour démonter l'argumentaire très limité de ces djihadistes, d'autant que le documentaire met régulièrement ces affirmations en parallèle avec la violence barbare des vidéo de propagande, voire même avec les réactions d'autres intervenants : tandis qu'un salafiste reniera tout ce qui a trait aux Etats-Unis, un autre nous présentera son blog où il décrit les Nike les plus adaptées pour aller faire la guerre.

Je rejoins ainsi totalement l'opinion des réalisateurs : Salafistes est un documentaire nécessaire. On s'étonnera d'ailleurs de tout ce tollé, de ces journalistes qui se scandalisent qu'on demande au spectateur un minimum de réflexion (pas beaucoup, en plus, tant le message est limpide), ou qui s'étonnent de la diffusion d'images violentes et / ou de propagande... alors qu'ils nous en font manger tous les jours sur tous les supports... Une telle hypocrisie ne peut encourager qu'encore plus à regarder le film des deux journalistes.

Note : /


jeudi 28 janvier 2016

Souvenirs de Marnie


Titre : Souvenirs de Marnie (Omoide no Marnie)
Réalisateur : Hiromasa Yonebayashi
Acteurs : Kasumi Arimura, Sara Takatsuki, Nanako Matsushima
Date de sortie en France : 14 janvier 2015
Genre : animation, drame

Synopsis : 
Anna, jeune fille solitaire, vit en ville avec ses parents adoptifs. Un été, elle est envoyée dans un petit village au nord d’Hokkaïdo. Dans une vieille demeure inhabitée, au coeur des marais, elle va se lier d’amitié avec l’étrange Marnie…

Avis : 
Dernier film en date du studio Ghibli (avant une pause ?), Souvenirs de Marnie renoue avec des thèmes chers au studio : une adolescente orpheline et marginale, l'opposition entre la ville et la campagne, l'importance de la famille et des proches.


Envoyée à la campagne pour soigner ses problèmes de santé grâce à un rythme plus calme, une meilleure hygiène de vie et un entourage plus sain, la jeune Anna va rapidement découvrir un secret autour d'un mystérieux manoir. Si, clairement, le mystère autour de Marnie n'en est pas vraiment un (même si son identité réelle fera l'objet d'une très belle révélation), Souvenirs de Marnie partage avec les meilleurs Ghibli une jolie simplicité qui fait mouche, grâce à la relation entre les deux héroïnes.

Le film de Hiromasa Yonebayashi (Arrietty, le petit monde des chapardeurs) est rempli de bons sentiments, et s'il manque de passages spectaculaires, on est souvent happés par l'émotion. De même, si l'animation ne vaut pas un Miyazaki ou un Takahata, certaines images sont à couper le souffle, comme ce manoir délabré ou la visite dans un moulin particulièrement inquiétant.

Souvenirs de Marnie est donc un très joli film, même s'il ne fait finalement que reprendre les thèmes classiques de chez Ghibli, sans les magnifier. On n'atteint pas les sommets du studio, ni de certains films d'animation japonais de ces dernières années, mais ce dernier (?) Ghibli reste une oeuvre touchante et intelligente, et un film à voir.

Note : 7/10




lundi 25 janvier 2016

Creed - l'héritage de Rocky Balboa


Titre : Creed – l'héritage de Rocky Balboa (Creed)
Réalisateur : Ryan Coogler
Acteurs : Michael B. Jordan, Sylvester Stallone, Tessa Thompson
Date de sortie en France : 13 janvier 2016
Genre : drame, sportif

Synopsis :

Adonis Johnson n'a jamais connu son père, le célèbre champion du monde poids lourd Apollo Creed décédé avant sa naissance. Pourtant, il a la boxe dans le sang et décide d'être entraîné par le meilleur de sa catégorie. À Philadelphie, il retrouve la trace de Rocky Balboa, que son père avait affronté autrefois, et lui demande de devenir son entraîneur. D'abord réticent, l'ancien champion décèle une force inébranlable chez Adonis et finit par accepter…

Avis : 
 Revenu en grâce lors du sixième volet de la saga, Rocky Balboa se retire enfin du ring pour ce spin-off. Tant mieux, quand on voit ce que ça donnait dans Match retour. Cette fois, l'Etalon Italien va se contenter de devenir le mentor du fils de son plus fameux adversaire : Apollo Creed. 


Nouveau retour aux sources pour la saga donc, qui va emprunter les sentiers déjà usés par les épisodes précédents. Le jeune Creed se voit offrir une chance pour le titre alors qu'il n'est encore qu'un boxeur de seconde zone (Rocky), sera confronté à la maladie d'un proche (Rocky II : la revanche), devra revenir aux sources du noble art afin d'oublier ses privilèges (Rocky III : l'oeil du tigre), avant d'aller affronter son adversaire dans un environnement hostile (Rocky IV). Ca fait quand même beaucoup, surtout que les références visuelles et sonores sont aussi très nombreuses.

Le film perd ainsi en spontanéité, mais se rattrape du côté de l'intensité, avec des combats encore plus impressionnants que dans le récent La Rage au ventre : au menu, un affrontement phénoménal en plan-séquence, et une guerre totale lors du duel de fin de métrage. Une intensité que l'on retrouve également chez Stallone, parfait dans le rôle du vieux mentor, et un peu moins chez Michael B. Jordan (Fruitvale Station, Les 4 fantastiques), convaincant mais parfois un peu fade.

Beaucoup de déjà-vu, mais aussi beaucoup d'intensité et quelques séquences d'anthologie : si j'osais une comparaison un peu acrobatique, je rapprocherais ce septième volet de la saga Rocky à un autre septième volet sorti il y a quelques semaines : Le Réveil de la Force. Quelques défauts, mais l'essentiel est là : les scènes d'affrontements sont formidables, et l'émotion bien présente. 

Note : 7.5/10




dimanche 24 janvier 2016

Marguerite


Titre : Marguerite
Réalisateur : Xavier Giannoli
Acteurs : Catherine Frot, André Marcon, Michel Fau
Date de sortie en France : 16 septembre 2015
Genre : drame

Synopsis : Le Paris des années 20. Marguerite Dumont est une femme fortunée passionnée de musique et d’opéra. Depuis des années elle chante régulièrement devant son cercle d’habitués. Mais Marguerite chante tragiquement faux et personne ne le lui a jamais dit. Son mari et ses proches l’ont toujours entretenue dans ses illusions. Tout se complique le jour où elle se met en tête de se produire devant un vrai public à l’Opéra.

Avis : 
Librement inspiré de la vie de la cantatrice Florence Foster Jenkins, Marguerite est une comédie dramatique française nous présentant donc une espèce de Castafiore. Ignorant qu'elle chante complètement faux, Marguerite aime se donner en spectacle, et ne rêve que d'une chose : d'un public. Et comme, manque de bol, elle dispose d'assez d'argent pour s'offrir une représentation dans une grande salle de spectacle, rien ne pourra l'empêcher d'aller massacrer Bellini ou Purcell devant un public.


 On aurait pu croire que le film se contenterait de cet argument comique : s'il le fait souvent, nous imposant plusieurs fois la même scène : Marguerite chante faux, mais avec conviction, devant un public d'abord surpris, puis moqueur, tandis que ses proches tentent par tous les moyens de sauver la face et de dissimuler la vérité à la pauvre femme. C'est amusant la première fois, ou dans ce formidable gros plan sur le visage de Michel Fau, mais à la quatrième fois, l'effet est retombé depuis longtemps.

En revanche, on sera surpris par l'aspect dramatique, nous présentant le personnage comme une victime de sa maladie mentale, voulant simplement exister aux yeux des autres, et notamment de son mari. Catherine Frot est ainsi particulièrement troublante dans les moments plus calmes, où elle semble totalement perdue et totalement seule. 

Marguerite est un film répétitif, et sans véritable surprise, dont on appréciera davantage l'aspect dramatique que l'aspect comique, et dont on retiendra surtout l'interprétation de Catherine Frot. De quoi patienter avant l'adaptation "officielle" de la vie de Florence Foster Jenkins par Stephen Frears (Philomena, The Program).

Note : 6/10


vendredi 22 janvier 2016

Red army


Titre : Red Army
Réalisateur : Gabe Polsky
Acteurs : Scotty Bowman, Slavia Fetisov, Viacheslav "Slava" Fetisov
Date de sortie en France : 25 février 2015
Genre : documentaire

Synopsis : 
RED ARMY retrace le destin croisé de l’Union Soviétique et de l’équipe de hockey sur glace surnommée « l’Armée Rouge » : une dynastie unique dans l’histoire du sport. L’ancien capitaine de l’équipe Slava Fetisov revient sur son parcours hors du commun : d’abord adulé en héros national, il sera bientôt condamné comme ennemi politique. La « Red Army » est au coeur de l’histoire sociale, culturelle et politique de son pays : comme l’URSS, elle connaît la grandeur puis la décadence, avant d’être secouée par les bouleversements de la Russie contemporaine. Red Army raconte l’histoire extraordinaire de la Guerre Froide menée sur la glace, et la vie d’un homme qui a tenu tête au système soviétique.

Avis : 
Red Army est un documentaire retraçant l'histoire de l'équipe soviétique de hockey sur glace à l'époque de la Guerre Froide. Entre discipline de fer et instrument de propagande, l'équipe emmenée par Viacheslav "Slava" Fetisov va devenir un symbole du modèle de vie en URSS face aux équipes nord-américaines.


D'un côté, la Red Army, entièrement tournée vers le collectif, avec une préparation froide, méthodique, au détriment de la vie familiale, avec pour but unique de promouvoir l'URSS... et de l'enrichir. De l'autre, l'équipe Américaine et la NHL, le professionnalisme, le star-system où le physique prime sur la technique : chaque match entre les deux équipes devient un affrontement entre deux mondes, notamment lorsque l'outsider américain renverse l'ogre soviétique, meilleure équipe du monde, lors du tournoi final des Jeux Olympiques d'hiver de 1980.

Entre images d'archives et interviews avec les membres de l'équipe de l'époque (par ailleurs par toujours commodes), nous découvrons également le personnage de "Slava" Fetisov, qui sera le premier à remettre en question le système entourant l'équipe, de l'entraîneur à la solde du pouvoir Viktor Tikhonov à l'impossibilité de rejoindre la ligue nord-américaine. Et quand enfin l'autorisation leur sera donnée, ils devront reverser une énorme partie de leur salaire à l'Union, et seront confrontés au racisme... avant de triompher avec les Red Wings de Détroit.

Passionnant, ce parallèle entre le hockey sur glace et la géopolitique soviétique en pleine guerre froide nous montre à quel point le sport peut devenir un instrument de propagande, et comment les plus doués peuvent devenir, bien malgré eux, des symboles. Avec enfin ce sous-entendu à peine voilé : avec la présence d'hommes aux plus hautes fonctions d'hommes ayant été façonnés par cette époque (dont Fetisov), on est très loin d'en avoir fini avec ces instrumentalisations.

Note : 8.5/10


mercredi 20 janvier 2016

Fastlife


Titre : Fastlife
Réalisateur : Thomas Ngijol
Acteurs : Thomas Ngijol, Karole Rocher, Julien Boisselier
Date de sortie en France : 16 juillet 2014
Genre : comédie

Synopsis :
FASTLIFE : aller toujours plus loin, plus vite, pour briller aux yeux des autres : telle est la devise de Franklin. Franklin est un trentenaire mégalomane obnubilé par l’envie de briller à n’importe quel prix. Il devra choisir entre devenir un homme ou continuer à vivre la Fastlife.

Avis :
Fastlife nous invite à suivre la no-success story de Franklin Ebagué : quelques années après avoir obtenu, avec une grosse dose de chance, une médaille d'argent aux jeux olympiques, le sportif n'est que l'ombre de lui-même, mais estime toujours être une star. Excès, relations douteuses, exigences irréalistes : Franklin veut aller plus haut, plus loin, et veut surtout tout obtenir immédiatement, sans aucun effort.


 A la façon d'un Rocky 3 - l'oeil du tigre, il lui faudra pourtant revenir aux sources pour se reconstruire et – peut-être – retrouver les sommets et la reconnaissance. Mais la tentation de prendre des raccourcis est souvent la plus grande. Thomas Ngijol met en scène et interprète ce personnage tellement arrogant, tellement agaçant, qu'il en devient presque agaçant malgré lui. L'humour acerbe de Ngijol nous place face à une situation assez inédite : on ne sait pas si on veut vraiment qu'Ebagé réussise, ou qu'il s'écrase à nouveau.

Evidemment, la critique de la course à la notoriété reste facile, tout comme l'importance de l'image, des rumeurs et des réseaux sociaux. Mais Ngijol fait régulièrement oublier les nombreux défauts du film par une certaine générosité et quelques situations très réussies. On sent clairement tout le potentiel de Ngijol, notamment dans l'humour acerbe, mais Fastlife peine largement à convaincre sur la longueur, en dépit d'une formidable idée de départ.

Restent quand même quelques vrais sourires, et une conclusion parfaite : ce Fastlife a tout d'un brouillon, mais est bien plus intéressant que de nombreuses autres comédies françaises de ces dernières années...


Note : 5,5/10


lundi 18 janvier 2016

Le Garçon et la Bête


Titre : Le Garçon et la Bête (Bakemono no ko)
Réalisateur : Mamoru Hosoda
Acteurs : Koji Yakushon Aoi Miyazakin Shota Sometani
Date de sortie en France : 13 janvier 2016
Genre : animation, aventures

Synopsis :
Shibuya, le monde des humains, et Jutengai, le monde des Bêtes... C'est l'histoire d'un garçon solitaire et d'une Bête seule, qui vivent chacun dans deux mondes séparés. Un jour, le garçon se perd dans le monde des Bêtes où il devient le disciple de la Bête Kumatetsu qui lui donne le nom de Kyuta. Cette rencontre fortuite est le début d'une aventure qui dépasse l'imaginaire...

Avis :
Après les excellents Summer Wars, La Traversée du temps et Les Enfants loups, Mamoru Hosoda s'est imposé comme l'un des principaux visages de l'animation japonaise, à l'heure où Hayao Miyazaki semble cette fois avoir définitivement tiré sa révérence, et où le studio Ghibli a annoncé faire une pause. Avec Le Garçon et la bête, Hosoda reprend des thèmes classiques du shônen, avec ce garçon orphelin et sa relation avec un maître tout aussi solitaire.


 Les relations entre le maître et l'élève seront ainsi d'abord marquées par de nombreux différends, de nombreuses disputes, le premier en attendant toujours plus de son disciple qui lui reproche son manque de patience et de démagogie. Pourtant, peu à peu, l'alchimie va s'opérer, chacun apprenant de l'autre jusqu'à développer une relation proche de celle d'un père et de son fils...  mais ce ne sera pas aussi simple. Car Kumatetsu et Ren/Kyuta ont tous les deux leurs problèmes dans leurs mondes respectifs, les obligeant parfois à abandonner leur binôme et à de nouveau s'affronter.

La volonté de Hosoda d'éviter les facilités dans l'évolution des rapports entre le garçon et la bête apporte à ses personnages une vraie richesse, et les rend crédibles et attachants : si l'humour est au centre de nombreux passages, notamment dans la première partie du film, l'émotion naît rapidement et facilement – peut-être moins dans le dernier chapitre, qui semble un peu tomber du ciel. On reprochera également au film une animation parfois inégale.

Cela n'empêche pas Le Garçon et la Bête d'être une nouvelle réussite pour Mamoru Hosoda, grâce notamment à deux personnages centraux très convaincants et attachants, et une histoire extrêmement prenante. De quoi renforcer l'idée que le réalisateur est le nouveau roi du cinéma d'animation nippon.


Note : 8,5/10


dimanche 17 janvier 2016

Invincible


Titre : Invincible (Unbroken)
Réalisateur : Angelina Jolie Pitt
Acteurs : Jack O'Connell, Domhnall Gleeson, Garrett Hedlund
Date de sortie en France : 7 janvier 2015
Genre : guerre, biopic

Synopsis :
L'incroyable destin du coureur olympique et héros de la Seconde Guerre mondiale Louis "Louie" Zamperini dont l'avion s'est écrasé en mer en 1942, tuant huit membres de l'équipage et laissant les trois rescapés sur un canot de sauvetage où deux d'entre eux survécurent 47 jours durant, avant d'être capturés par la marine japonaise et envoyés dans un camp de prisonniers de guerre.

Avis :
Avec son deuxième film en tant que réalisatrice, Angelina Jolie choisit d'adapter le destin de Louis Zamperini, athlète et soldat américain fait prisonnier par les japonais pendant la Seconde Guerre Mondiale. Un destin formidable auquel le film ne rendra jamais vraiment service.


 Pas aidé par un Jack O'Connell ('71, Les Poings contre les murs) dont il s'agit de la plus mauvaise interprétation à ce jour, Invincible est finalement trop lisse, et ne décollera jamais. Angelina Jolie se contente d'exprimer son admiration pour un personnage qui n'abandonne jamais, même pris pour cible par son terrible tortionnaire. Le film réussit même un tour de force : on ne croit absolument pas à ce qu'il s'y passe, alors qu'il décrit assez fidèlement ce qu'ont vécu les personnages dans les camps japonais.

Il faut dire aussi qu'il n'y a aucun véritable temps fort : les personnages secondaires meurent sans qu'on s'en aperçoive, le héros subit sans jamais donner l'impression de véritablement souffrir, et Miyavi rassemble tous les clichés d'interprétation possibles pour incarner le terrible Mutsuhiro Watanabe. Entre l'interprétation sans relief et une réalisation quelconque, toutes les scènes et tous les personnages restent sur un même plan, refusant toute sympathie ou antipathie, privant le spectateur de toute émotion.

Bref, Invincible est du cinéma hollywoodien prémâché et consensuel, pour lequel Angelina Jolie ne prend aucun risque : en adaptant une histoire formidable, elle pensait peut-être que cela suffirait à faire un film formidable. Dommage...


Note : 3,5/10


vendredi 15 janvier 2016

Le Sel de la Terre


Titre : Le Sel de la terre (The Salt of the Earth)
Réalisateur : Wim Wenders, Juliano Ribeiro Salgado
Acteurs : Sebastiao Salgado, Wim Wenders, Juliano Ribeiro Salgado
Date de sortie en France : 15 octobre 2014
Genre : documentaire, biopic

Synopsis :
Depuis quarante ans, le photographe Sebastião Salgado parcourt les continents sur les traces d’une humanité en pleine mutation. Alors qu’il a témoigné des événements majeurs qui ont marqué notre histoire récente : conflits internationaux, famine, exode… Il se lance à présent à la découverte de territoires vierges aux paysages grandioses, à la rencontre d’une faune et d’une flore sauvages dans un gigantesque projet photographique, hommage à la beauté de la planète.
Sa vie et son travail nous sont révélés par les regards croisés de son fils, Juliano, qui l’a accompagné dans ses derniers périples et de Wim Wenders, lui-même photographe.

Avis :
César du meilleur film documentaire 2015, Le Sel de la Terre se penche sur l'oeuvre du photographe Sebastiao Salgado. On y découvrira certains éléments de sa vie, mais aussi des témoignages sur ses grands travaux, la façon dont les grands drames qu'il a capturé sur image l'ont marqué et influencé.


Le film alterne ainsi entre photographies de l'artistes, scènes d'illustration et témoignages. On replonge ainsi dans des contrées oubliées, on (re)découvre certaines photographies particulièrement marquantes prises en Amérique du Sud (La mine d'or de Serra Pelada) ou en Afrique lors du génocide Rwandais. Le pouvoir de l'image fonctionne à merveille, et la succession de photographies suffit à provoquer chez le spectateur curiosité, fascination, effroi ou révolte.

C'est aussi là que se situe la limite du film : même si le cadre géopolitique de ces photos est évoqué par les commentaires, Le Sel de la Terre n'est bien souvent qu'une succession de photographies, par définition figées. On peut ainsi s'interroger sur la pertinence cinématographique d'une telle œuvre, même si voir ces images sur grand écran leur donne un jour nouveau. On perd notamment l'intérêt d'un recueil, dans lequel on peut voyager, revenir en arrière, remettre en perspective, alors que cette suite à sens unique perd tout aspect narratif, d'autant qu'elle se complaît dans la mise en valeur, parfois excessive, de l'artiste.

La vie et l'oeuvre de Sebastiao Salgado sont donc illustrées par de nombreuses photos, superbes et tragiques. Mais si l'aspect visuel est, forcément, à couper le souffle, l'intérêt de la démonstration reste discutable : on préférera finalement se plonger dans les recueils photographiques de l'artiste, finalement bien plus profonds que Le Sel de la Terre.


Note : 7/10


mercredi 13 janvier 2016

Le Projet Atticus


Titre : Le Projet Atticus (The Atticus Institute)
Réalisateur : Chris Sparling
Acteurs : Rya Kihlstedt, William Mapother, John Rubinstein
Date de sortie en France : 18 mars 2015
Genre : épouvante, thriller

Synopsis : 
Fondé en 1976 par le Dr Henry West, l’Institut Atticus était spécialisé dans l’étude de personnes développant des capacités paranormales : parapsychologie, voyance, psychokinésie, etc. Des centaines de personnes présentant ce genre d’aptitudes ont été étudiées par les chercheurs de l’institut et de nombreux articles annonçant leurs résultats ont été publiés. Mais aucun cas étudié jusque-là n’avait préparé le Dr West et son équipe à l’arrivée de Judith Winstead…

Avis : 
Alors que les films de possession se suivent sans imagination sur grand écran (seul le sympathique Délivre-nous du mal sortait un peu du lot tout en restant assez moyen), le marché DVD nous offre une petite surprise avec ce Projet Atticus qui, adoptant la forme d'un faux documentaire, va se révéler beaucoup plus efficace que la plupart des films de genre bénéficiant d'une sortie au cinéma.


A la manière de The Bay ou de Lake Mungo ces derniers mois, Le Projet Atticus choisit donc de nous présenter son histoire comme réelle, avec photos d'archives, interviews et documents d'époque montés à la manière d'un véritable documentaire. Un procédé qui va donner à cette histoire paranormale un charme tout particulier, en apportant une crédibilité assez surprenante.

Un crédibilité renforcée par une relative sobriété des effets horrifiques : si les éléments habituels des films de possession sont bien présents (vomissements, voix déformées, télékinésie...), ceux-ci sont utilisés de façon raisonnable et cohérente, avec une progression crédible (l'idée même de la possession arrive finalement assez tard dans le film) et parfois assez subtile. L'ensemble fonctionne d'autant mieux que l'actrice interprétant Judith Winstead est remarquable, assez effrayante lors des manifestations de ses pouvoirs.

On regrettera néanmoins la présence de quelques acteurs connus, comme Harry Groener (How I met your mother) ou William Mapother (Lost), ainsi que certains procédés trop artificiels pour faire naître la tension et s'accordant moins avec le style documentaire. Reste un petit film très sympathique à défaut de révolutionner le genre, beaucoup plus digeste en tout cas que la plupart des films de genre que l'on peut voir sur grand écran ces derniers mois...

Note : 6,5/10




mardi 12 janvier 2016

Leviathan


Titre : Leviathan
Réalisateur : Andreï Zvyaguintsev
Acteurs : Aleksey Serebryakov, Elena Lyadova, Vladimir Vdovitchenkov
Date de sortie en France : 24 septembre 2014
Genre : drame

Synopsis : 
Kolia habite une petite ville au bord de la mer de Barents, au nord de la Russie. Il tient un garage qui jouxte la maison où il vit avec sa jeune femme Lylia et son fils Roma qu’il a eu d’un précédent mariage. Vadim Cheleviat, le Maire de la ville, souhaite s’approprier le terrain de Kolia, sa maison et son garage. Il a des projets. Il tente d’abord de l’acheter mais Kolia ne peut pas supporter l’idée de perdre tout ce qu’il possède, non seulement le terrain mais aussi la beauté qui l’entoure depuis sa naissance. Alors Vadim Cheleviat devient plus agressif...

Avis : 
Avec Leviathan, Andreï Zviaguintsev (Le Retour, Elena) vient nous offrir une image extrêmement négative de la Russie de Poutine, pourrie jusque dans ses régions les plus reculées. Corruption, violence, alcoolisme, pauvreté... Un tableau qui fera forcément scandale dans le pays du réalisateur, certains l'accusant de propager une image fausse de la Russie, uniquement destinée à exploiter les clichés pouvant plaire au public occidental.


Bien entendu, des clichés, il y en a dans Leviathan. Impossible d'éviter vodka, cigarettes et jurons chez les personnages. Pourtant, l'histoire que nous raconte Zviaguintsev reste universelle, avec la lutte inégale entre l'individu et la monstrueuse machine étatique capable de tout broyer. En refusant simplement de vendre sa propriété au maire, Kolia va peu à peu être privé de tout, sans jamais pouvoir se défendre efficacement.

Inutile de compter sur la police ou la justice : elles sont au service du pouvoir. Impossible également de se rebeller : le monstre est bien plus puissant, et s'il peut parfois être ébranlé, ce ne sera que pour frapper encore plus fort derrière. Extrêmement pessimiste, Leviathan ne nous épargnera rien de la lente descente aux enfers de Kolia, de plus en plus perdu est esseulé dans les décors si particuliers du nord de la Russie, jusqu'à un final profondément cynique.

Plus qu'une mauvaise image de la Russie de Poutine, clairement prise pour cible, c'est à une certaine conception du pouvoir que s'attaque Zviaguintsev avec son Leviathan, mêlant les idées de Hobbes à l'histoire de Job. Un film profond et poignant, magnifiquement mis en scène par un Zviaguintsev qui confirme, film après film, tout le bien que l'on pense de son cinéma

Note : 8.5/10


lundi 11 janvier 2016

Sicario


Titre : Sicario
Réalisateur : Denis Villeneuve
Acteurs : Emily Blunt, Benicio Del Toro, Josh Brolin
Date de sortie en France : 7 octobre 2015
Genre : thriller, policier

Synopsis :
La zone frontalière entre les Etats-Unis et le Mexique est devenue un territoire de non-droit. Kate, une jeune recrue idéaliste du FBI, y est enrôlée pour aider un groupe d’intervention d’élite dirigé par un agent du gouvernement dans la lutte contre le trafic de drogues. Menée par un consultant énigmatique, l'équipe se lance dans un périple clandestin, obligeant Kate à remettre en question ses convictions pour pouvoir survivre.

Avis :
Si Prisoners et Enemy, les deux précédents films de Denis Villeneuve, étaient plutôt réussis, ils souffraient tous les deux d'un défaut assez important : celui de tenir un peu trop le spectateur par la main, de tout lui expliquer, d'insister sur certains détails destinés à devenir important, ce qui rendait ces deux œuvres parfois agaçantes. Avec Sicario, film musclé sur la lutte contre le trafic de drogues à la frontière mexicaine, le réalisateur canadien va corriger ce défaut : il va même nous laisser volontairement dans le flou en laissant de côté pas mal de détails.


 Sicario nous prouve une nouvelle fois tout le talent de Villeneuve derrière une caméra : il fait naître une incroyable tension lors de certaines séquences (l'introduction, la traversée de la frontière, le souterrain...), nous plongeant au plus près de l'action et nous faisant ressentir l'horreur et la peur des personnages. Il s'entoure par ailleurs d'acteurs brillants : Emily Blunt (Edge of tomorrow), Benicio del Toro (Che, Paradise lost) et Josh Brolin (Everest, Oldboy) sont impressionnants dans leurs rôles respectifs, et démontrent une nouvelle fois leur talent ainsi que le don de Villeneuve pour la direction d'acteurs.

Cet aspect étouffant ne parvient malheureusement pas à camoufler un discours plus que convenu, malgré son efficacité. Le thème des limites morales de la lutte contre le crime est d'un classicisme absolu, et ce n'est pas Sicario qui y apportera quelque chose de nouveau, d'autant qu'il évite bien soigneusement de se mouiller en sortant de son chapeau une banale histoire de vengeance en fin de film. On aurait en fait presque préféré que le film se concentre sur l'ambiance morbide de la découverte de la maison de l'introduction plutôt que sur une histoire de cartels que l'on connaît par cœur.

La forme l'emporte donc finalement sur le fond sur ce Sicario. Les scènes spectaculaires sont une franche réussite, parmi les plus efficaces de ces dernières années, mais à côté de ça, on rangera quand même son frein en attendant un peu plus de consistance...


Note : 7/10


dimanche 10 janvier 2016

Les Huit salopards


Titre : Les Huits salopards (The Hateful eight)
Réalisateur : Quentin Tarantino
Acteurs : Samuel L. Jackson, Kurt Russell, Jennifer Jason Leigh
Date de sortie en France : 6 janvier 2016
Genre : western

Synopsis :

Quelques années après la Guerre de Sécession, le chasseur de primes John Ruth, dit Le Bourreau, fait route vers Red Rock, où il conduit sa prisonnière Daisy Domergue se faire pendre. Sur leur route, ils rencontrent le Major Marquis Warren, un ancien soldat lui aussi devenu chasseur de primes, et Chris Mannix, le nouveau shérif de Red Rock. Surpris par le blizzard, ils trouvent refuge dans une auberge au milieu des montagnes, où ils sont accueillis par quatre personnages énigmatiques : le confédéré, le mexicain, le cowboy et le court-sur-pattes. Alors que la tempête s’abat au-dessus du massif, l’auberge va abriter une série de tromperies et de trahisons. L’un de ces huit salopards n’est pas celui qu’il prétend être ; il y a fort à parier que tout le monde ne sortira pas vivant de l’auberge de Minnie…

Avis : 
Pour son second western d'affilée, après Django unchained, Quentin Tarantino nous plonge dans un huit clos avec huit personnages particulièrement détestables. Une brochette de tueurs, de menteurs, de manipulateurs, racistes et vulgaires, prêts à toutpour s'en sortir aux dépens des autres ; une liste d'archétypes généralement confinés aux seconds rôles ou aux adversaires du héros, des chasseurs de primes, des hors-la-loi, d'anciens soldats...


Avec ses 8 salopards, Tarantino va faire du Tarantino. Entre deux références plus ou moins subtile (une chanson tirée de La Dernière maison sur la gauche par-ci, une petite mesquinerie en direction de Spike Lee par-là, et une ambiance générale qui semble issue d'un mélange étrange entre The Thing et Reservoir Dogs), le réalisateur fait monter lentement la tension grâce à des dialogues comme toujours très bien écrits, des révélations distillées au compte-gouttes et une volonté toujours intacte de s'amuser avec les codes du genre, notamment avec les chapitres, les flashbacks, ou quelques éléments présentés de façon très théâtrale.

On ne voit pas le temps passer en compagnie de ces personnages tous plus menaçants les uns que les autres, notamment pendant la première moitié du film presque exclusivement consacrée aux longs et jouissifs tunnels de dialogues habituels chez le réalisateur d'Inglourious basterds. La seconde partie, où le chaos finit par éclater avec une violence assez inouïe, est également efficace, même si elle donne parfois le sentiment de voir Tarantino se regarder et s'écouter faire du Tarantino (la tirade de Samuel L. Jackson pour Bruce Dern, par exemple). 

Plus réussi à mes yeux que son précédent western, le nouveau Tarantino est une nouvelle réussite, qui conjugue à merveille des personnages formidables (incarné par une brochette impressionnante d'acteurs) progressant dans un huis clos irrésistible jusqu'à une fin complètement folle. Les 2h50 du film passent à toute allure, pour un film tellement tarantinesque qu'il ne plaira certainement pas à tout le monde. Personnellement, je suis plus que conquis ! 

Note : 9/10


samedi 9 janvier 2016

Entre amis


Titre : Entre amis
Réalisateur : Olivier Baroux
Acteurs : Daniel Auteuil, Gérard Jugnot, Michel Berléand
Date de sortie en France : 22 avril 2015
Genre : comédie

Synopsis :
Richard, Gilles et Philippe sont amis depuis près de cinquante ans. Le temps d’un été, ils embarquent avec leurs compagnes sur un magnifique voilier pour une croisière vers la Corse. Mais la cohabitation à bord d’un bateau n’est pas toujours facile. D’autant que chaque couple a ses problèmes, et que la météo leur réserve de grosses surprises... Entre rires et confessions, griefs et jalousies vont remonter à la surface. Chacun va devoir faire le point sur sa vie et sur ses relations aux autres. L’amitié résistera-t-elle au gros temps ?

Avis : 
Au rayon comédie française, donnez-moi le cercle d'amis qui finit par se déchirer. Ce thème archi-classique, mais qui peut donner quelques perles (Le Prénom), est au centre du bien nommé Entre amis, qui nous propose donc de suivre trois couples d'amis réunis sur un bateau. Et devinez quoi ? Rien ne va se passer comme prévu, les tensions vont se multiplier... mais tout finira bien.


On n'échappera donc à rien, du casting masculin archi-convenu (Auteuil, Jugnot, Berléand... il ne manque plus que Cluzet en fait) aux révélations sur le passé (une crasse par-ci, une infidélité par-là) en passant par les rivalités qui remontent à la surface... mais qui seront finalement mises de côté lorsqu'il faudra affronter des épreuves dangereuses.

Aucune surprise donc, mais quelques répliques et situations qui font mouche, notamment avec le capitaine du bateau. C'est bien peu pour une comédie dramatique qu'on aura oublié dès la fin 2015...

Note : 2.5/10



jeudi 7 janvier 2016

Cendrillon (2015)


Titre : Cendrillon (Cinderella)
Réalisateur : Kenneth Branagh
Acteurs : Lily James, Cate Blanchett, Helena Bonham Carter
Date de sortie en France : 25 mars 2015
Genre : conte, fantastique

Synopsis : 
Le père d’Ella, un marchand, s’est remarié après la mort tragique de la mère de la jeune fille. Pour l’amour de son père, Ella accueille à bras ouverts sa nouvelle belle-mère et les filles de celle-ci, Anastasie et Javotte. Mais lorsque le père d’Ella meurt à son tour, la jeune fille se retrouve à la merci de sa nouvelle famille, jalouse et cruelle.

Avis : 
les héroïnes de contes, et notamment celles rendues célèbres par leur adaptation en dessin-animé par Disney, semblent à la mode en ce moment : après La Belle au bois dormant (Maléfique), Blanche Neige et La Belle et la Bête, c'est cette fois Cendrillon, l'une des plus agaçantes princesses des classiques Disney, qui revient pour une adaptation en live, devant la caméra de Kenneth Branagh.


Le réalisateur livre une retranscription très fidèle du film d'animation, tout en nous soulageant des chansons niaises, réduites à quelques notes brièvement entendues, et en réduisant le rôle des animaux au strict minimum (les souris sont toujours là, tout comme Lucifer, mais ne parlent pas). En revanche, il conserve la grandiloquence et les couleurs vives, notamment lors du bal au visuel particulièrement riche.

Si le parti-pris pourra en agacer certains, il faut admettre qu'il sied à merveille à Cendrillon, avec son histoire et son personnage principal particulièrement nunuches. Heureusement, on pourra compter sur Cate Blanchett pour apporter sa froideur dans le rôle de la méchante belle-mère, qui lui va comme un gant : on aurait presque aimé que, à l'image de Maléfique, le film se concentre sur elle plutôt que sur la princesse.

Passez votre chemin si vous n'aimez pas le sucré et la grandiloquence colorée de l'univers Disney : la version live de Cendrillon est l'exacte réplique de sa version animée, les chansons et les animaux en moins. Et même si le visuel vous séduit, il ne suffit pas à faire de cette histoire autre chose que l'une des plus ridicules et agaçantes des contes Disney.

Note : 6/10


lundi 4 janvier 2016

Foxcatcher


Titre : Foxcatcher
Réalisateur : Bennett Miller
Acteurs : Channing Tatum, Steve Carell, Mark Ruffalo
Date de sortie en France : 21 janvier 2015
Genre : drame, sportif

Synopsis :
Lorsque le médaillé d’or olympique Mark Schultz est invité par le riche héritier John du Pont à emménager dans sa magnifique propriété familiale pour aider à mettre en place un camp d’entraînement haut de gamme, dans l’optique des JO de Séoul de 1988, Schultz saute sur l’occasion : il espère pouvoir concentrer toute son attention sur son entraînement et ne plus souffrir d’être constamment éclipsé par son frère, Dave. Obnubilé par d’obscurs besoins, du Pont entend bien profiter de son soutien à Schultz et de son opportunité de « coacher » des lutteurs de réputation mondiale pour obtenir – enfin – le respect de ses pairs et, surtout, de sa mère qui le juge très durement.

Avis : 
Après l'excellent Le Stratège, Bennett Miller enchaîne avec un autre drame en milieu sportif : Foxcatcher. La lutte succède ainsi au base-ball, avec l'histoire des frères Schultz et leur relation avec le richissime John E. du Pont... une relation qui aura une issue dramatique.


Il ne sera finalement que très peu question de sport dans le film : les séquences de lutte sont assez rapidement expédiées, autant lors des phases d'entraînement que de compétition. Ce qui intéresse Miller, c'est l'évolution psychologique de ses personnages. Si la relation entre les deux frères n'échappe pas toujours à la caricature, avec un rapport d'amour / haine assez banal renforcé par le jeu de gros nounours un peu bêta de Channing Tatum (White House down, Jupiter : le destin de l'Univers), le personnage de du Pont est la véritable attraction du film.

Steve Carell incarne à la perfection le riche héritier en quête de reconnaissance : envers sa mère, mais aussi envers ses pairs et envers le monde de la lutte, qui l'a toujours fasciné. L'acteur, plus habitué aux rôles comiques, donne énormément de profondeur au personnage, à ses frustrations (le désintérêt de sa mère, la complicité entre les deux frères), à une folie contenue qu'il tente de noyer dans des bribes artificielles de reconnaissance (surnoms farfelus, compétition sans enjeu, manipulation des médias...).

La prestation de l'acteur justifie à elle seule la vision d'un film qui, par ailleurs, se contente d'emprunter les sentiers battus. Bien loin du précédent film de Miller, Foxcatcher est finalement une déception, qui ne décolle que dans ses toutes dernières minutes après deux heures de retenue...

Note : 5/10


dimanche 3 janvier 2016

Gallows


Titre : Gallows
Réalisateur : Travis Cluff, Chris Lofing
Acteurs : Reese Mishler, Pfeifer Brown, Ryan Shoos
Date de sortie en France : 22 juillet 2015
Genre : épouvante

Synopsis : 
Dans une petite ville, un accident se produit pendant le spectacle de fin d'année du lycée et fait plusieurs morts. Vingt ans plus tard, des lycéens du même établissement remontent la pièce pour rendre hommage aux victimes de la tragédie, mais découvrent qu'il vaut mieux parfois ne pas ressusciter les fantômes…

Avis : 
En 2015, nous avons pu vérifier avec le cinéma d'épouvante que quantité n'était décidément pas synonyme de qualité. Les films d'épouvante à faible budget se sont succédé, les found-footages ont suivi les exorcismes, et il faut bien avouer qu'on n'a pas forcément entendu parler de tous, même lorsqu'ils ont bénéficié d'une sortie au cinéma. C'est le cas de ce Gallows, énième faux-film-retrouvé fauché de chez Blumhouse.


Une malédiction, un groupe de jeunes idiots : c'est parti pour un peu plus d'une heure de séquences déjà vues, où les jump-scares s'enchaînent sans efficacité, où le fantôme s'amuse à claquer des portes et allumer des télés. Pourtant, on peut noter quelques bonnes idées, qu'on aurait aimer voir mieux exploitées : le décor nocturne de l'école est assez effrayant, même si on l'abandonne trop vite pour les sous-sols, plus classiques.

On peut également s'intéresser au double point de vue, qui permet régulièrement de rebondir sur les bruits saisis par l'un des membres du groupe, et de découvrir ensuite sur les images d'un autre des jeunes ce qu'il a vu. Là encore, l'idée n'est pas suffisamment exploitée, mais reste sympathique. Pour le reste, l'histoire est d'une extrême banalité, avec l'esprit du garçon décédé dans la pièce qui revient pour se venger dans des séquences franchement ringarde, avant une fin sans surprise.

S'il n'est pas le pire found-footage de ces derniers mois, grâce à une ou deux bonnes idées, Gallows reste une production sans grand intérêt, dont on oubliera rapidement l'existence...

Note : 3/10


samedi 2 janvier 2016

Antigang


Titre : Antigang
Réalisateur : Benjamin Rocher
Acteurs : Jean Réno, Alban Lenoir, Caterina Murino
Date de sortie en France : 19 août 2015
Genre : policier, action

Synopsis : 
Serge Buren est un flic de légende, entouré d’une bande de jeunes flics aux méthodes peu conventionnelles. Qu’importe qu’ils utilisent des battes de baseball ou « oublient » le règlement au cours d’arrestations spectaculaires, les résultats sont au rendez-vous ! C’est alors qu’un groupe de braqueurs meurtriers entre en scène, dévalisant avec une facilité déconcertante banques et bijouteries de la capitale, à coup d’armes de guerre et de scénarios imparables. Face à tant d’ingéniosité et de brutalité, Buren et son unité se retrouvent confrontés à une situation délicate : leurs méthodes expéditives suffiront-elles à arrêter ces criminels autrement plus machiavéliques ?

Avis : 
Après les très moyens La Horde et Goal of the dead, Benjamin Rocher abandonne enfin le film d'horreur au profit du film policier, toujours très en vogue dans l'hexagone. Mais cette fois, loin du sérieux habituel de ce genre de production (36 quai des orfèvres, L'Affaire SK-1), le réalisateur va nous proposer un film plus décontracté, dans la lignée de ses films précédents et de modèles américains tels que Rush hour ou Bad boys.


Egalement inspiré du Heat de Michael Mann, Antigang nous fait donc suivre une équipe de flics aux méthodes chocs, qui ne s'embarrassent ni de procédure ni de finesse quand il s'agit de coffret les criminels... ce qui ne plaît évidemment pas à leur hiérarchie... sauf quand cela se révélera être l'unique moyen d'arrêter une bande particulièrement bien organisée. Rien de bien nouveau donc.

Mais cela n'empêche pas certaines séquences d'être très efficaces : la décontraction d'Alban Lenoir (Un français) lors des affrontements fait mouche, et la course-poursuite autour de la Bibliothèque Nationale de France est superbe. On appréciera également de revoir Jean Réno en tête d'affiche, dans un rôle classique mais qui lui convient parfaitement.

Loin d'être irréprochable, avec son histoire très très conne et l'impression constante de déjà-vu, Antigang parvient néanmoins à se démarquer grâce à son ambiance détendue et quelques séquences très énergiques. Presque inespéré quand on avait vu les précédents film de Benjamin Rocher...

Note : 6.5/10


vendredi 1 janvier 2016

Ex machina


Titre : Ex machina
Réalisateur : Alex Garland
Acteurs : Domhnall Gleeson, Alicia Vikander, Oscar Isaac
Date de sortie en France : 3 juin 2015
Genre : science-fiction

Synopsis : 
À 26 ans, Caleb est un des plus brillants codeurs que compte BlueBook, plus important moteur de recherche Internet au monde. À ce titre, il remporte un séjour d’une semaine dans la résidence du grand patron à la montagne. Mais quand Caleb arrive dans la demeure isolée, il découvre qu’il va devoir participer à une expérience troublante  : interagir avec le représentant d’une nouvelle intelligence artificielle apparaissant sous les traits d’une très jolie femme robot prénommée Ava.

Avis : 
Scénariste pour Danny Boyle (28 jours plus tard, Sunshine), pour Dredd mais aussi pour le jeu vidéo (Enslaved : odyssey to the West, Devil May Cry), Alex Garland signe son premier film en tant que réalisateur avec Ex machina. Le point de départ de ce film de science-fiction est classique, et repose sur l'éternelle question de l'intelligence artificielle d'un robot.


Au sein de l'unique décor, assez oppressant, d'une demeure high-tech totalement hermétique au monde extérieur, Caleb doit déterminer si Ava dispose d'une véritable intelligence : peut-elle vraiment réfléchir par elle-même, développer ses propres réponses... faire preuve d'humour, de libre arbitre, de sensibilité artistique, peut-elle tomber amoureuse ? Autant de questions qui seront au centre de dialogues remarquablement écrits, avec une progression très réussie de ce que le personnage principal, ainsi que le spectateur, peuvent ressentir pour Ava.

On restera en revanche un peu sur notre faim en ce qui concerne Nathan (Oscar Isaac, vu dans Star Wars épisode VII ou dans Inside Llewyn Davis, est impressionnant), dont le caractère est malheureusement effleuré : manipulateur et génial, il semble constamment flirter avec la folie et entretient la paranoïa de son invité. Ex machina s'amuse d'ailleurs à balayer les grands thèmes de la science-fiction robotique, en jouant sur l'identité des différents protagonistes, mais aussi en s'écartant des enjeux scénaristiques trop évidents.

Ex machina restera donc comme une des bonnes surprises de 2015, un "petit" film de SF très réussi, qui remet au goût du jour le thème classique de l'intelligence artificielle et refuse les facilités scénaristiques. J'ai déjà hâte de découvrir les prochains travaux d'Alex Garland !

Note : 8/10