vendredi 30 août 2013

Dead man down


Titre : Dead man down
Réalisateur : Niels Arden Oplev
Acteurs : Colin Farrell, Noomi Rapace, Terrence Howard
Date de sortie en France : 3 avril 2013
Genre : thriller

Synopsis : 
Victor est le bras droit d’Alphonse, un caïd new-yorkais. Quelqu’un s’en prend à leur gang, dont les hommes sont abattus les uns après les autres, et l’assassin multiplie les messages de menace. Espérant s’attirer les faveurs d’Alphonse, Darcy, un ami de Victor, se lance sur les traces du tueur. Lorsque Victor fait la connaissance de Béatrice, une Française qui vit avec sa mère, Valentine, il est tout de suite attiré. Il va vite découvrir qu’elle n’est pas ce qu’elle prétend. Béatrice est une victime qui cherche à se venger – et pour cela, elle a besoin de l’aide de Victor. Mais Béatrice va elle aussi se rendre compte que Victor n’est pas exactement ce qu’il avait dit. Lui aussi a un compte à régler… Ces deux êtres assoiffés de vengeance vont mettre au point un plan qui n’épargnera personne… 

Avis : 
 Pour son premier film américain, Niels Arden Oplev, le réalisateur danois à qui l'on doit la première adaptation de Millénium, a choisi un thriller basé sur l'idée de vengeance et de rédemption, davantage basé sur les relations entre ses deux personnages principaux et leur rapport à la violence que sur l'action, finalement peu présente.


Il retrouve ainsi l'actrice Noomi Rapace (Prometheus, Passion), jeune femme défigurée lors d'un accident de voiture et cherchant à se venger, qu'il associe pour l'occasion à Colin Farrell (Alexandre, Total Recall : mémoires programmées), qui a infiltré de son propre chef un gang afin de, lui aussi, se venger. Leur rencontre va leur permettre d'entrevoir la possibilité d'une vie après leur drame, chacun tentant finalement de sauver l'autre en lui proposant une alternative à la vengeance.

Oplev choisit donc une approche relativement intimiste, nous fait pénétrer dans l'esprit de ces deux personnages torturés. Seul problème, leur évolution reste très classique, leurs réactions extrêmement prévisibles, et si le tout est efficace et rondement mené, on a l'impression de l'avoir déjà vu des dizaines de fois. Heureusement, le réalisateur danois nous offre quelques scènes d'action très réussies, dont un final explosif et vraiment jouissif.

Dead man down est donc un thriller très classique, livrant une histoire intéressante mais souffrant de sa banalité. Aucune surprise donc, mais une certaine efficacité grâce à un duo Rapace / Farrell plutôt convaincant et une réalisation plutôt inspirée de Niels Arden Oplev.

Note : 6,5/10


jeudi 29 août 2013

Michael Kohlhaas


Titre : Michael Kohlhaas
Réalisateur : Arnaud des Pallières
Acteurs : Mads Mikkelsen, Mélusine Mayance, Delphine Chuillot
Date de sortie en France : 14 août 2013
Genre : drame, historique

Synopsis : 
Au XVIème siècle dans les Cévennes, le marchand de chevaux Michael Kohlhaas mène une vie familiale prospère et heureuse. Victime de l'injustice d'un seigneur, cet homme pieux et intègre lève une armée et met le pays à feu et à sang pour rétablir son droit.

Avis : 
Michael Kohlhaas est l'adaptation d'une nouvelle de Heinrich Von Kleist, elle-même inspirée de l'histoire vraie d'un marchand qui, victime d'une injustice, mit une province d'Allemagne à feu et à sang afin d'obtenir réparation.Après avoir attendu 25 ans avant de mettre cette nouvelle en images, Arnaud des Pallières (Adieu) choisit d'en franciser l'histoire, replaçant l'intrigue dans les Cévennes du seizième siècle, conservant ainsi les thèmes des religions et de la société changeantes.


Michael Kohlhaas met donc en scène un homme au fort idéal de justice, souhaitant obtenir réparation d'un tort assez léger : cet éleveur prospère a en effet laissé en gage à un jeune seigneur deux chevaux en parfaite santé, mais le retrouve ensuite sales, malades et blessés. Devant l'inaction de la justice, et face à la réponse violente des responsables, il choisit de se révolter, et entraînera avec lui ses valets, des paysans en colère et quelques vagabond. Et s'il sera bientôt en mesure de renverser le pays, il ne perdra pas de vue son but : voir sa plainte examinée et obtenir réparation.

Le personnage est ainsi particulièrement intéressant, uniquement habité par sa volonté de justice, entraînant toute une armée derrière lui dans un but qui n'intéresse que lui. Cet égoïsme le poussera même à abandonner ses hommes et leurs idéaux quand il obtiendra enfin ce à quoi il aspire. Mads Mikkelsen est évidemment impeccable dans le rôle de cet homme froid et déterminé, et constitue d'ailleurs l'attraction principale d'un film à l'histoire prenante mais terriblement lent.

Véritable guerrier silencieux, Kohlhaas est donc le héros d'un film flirtant régulièrement avec le contemplatif, au point de perdre parfois le spectateur, hypnotisé par la lenteur et endormi par un rythme sans doute trop lent. Reste néanmoins un personnage fabuleux, témoin d'une époque historique en mouvement perpétuel, entre protestantisme naissant et affaiblissement de la société féodale. Un film passionnant, mais interminable.

Note : 6,5/10

mercredi 28 août 2013

Conjuring : les dossiers Warren


Titre : Conjuring : les dossiers Warren (The Conjuring)
Réalisateur : James Wan
Acteurs : Vera Farmiga, Patrick Wilson, Ron Linvingston
Date de sortie au cinéma : 21 août 2013
Genre : horreur, épouvante

Synopsis : 
Avant Amityville, il y avait Harrisville…Conjuring : Les dossiers Warren, raconte l'histoire horrible, mais vraie, d'Ed et Lorraine Warren, enquêteurs paranormaux réputés dans le monde entier, venus en aide à une famille terrorisée par une présence inquiétante dans leur ferme isolée… Contraints d'affronter une créature démoniaque d'une force redoutable, les Warren se retrouvent face à l'affaire la plus terrifiante de leur carrière…

Avis : 
 J'avoue me poser la question de plus en plus souvent : le fan de films d'horreur est-il à se point sevré d'oeuvres de qualités qu'au moindre film un peu moins mauvais que les précédents, il se sente obligé de crier au chef d'oeuvre, au futur classique, à la bobine destinée à devenir culte ? Je dois bien avouer qu'en sortant de la séance de Conjuring, c'est l'unique explication que je trouve aux critiques dithyrambiques que je peux lire sur les divers sites et blogs orientés "horreur".


Car ce nouveau film d'épouvante de James Wan (Saw, Dead silence) n'est rien de plus qu'une nouvelle brique à l'édifice d'un cinéma de peur stéréotypé et paresseux. Evidemment, le réalisateur de Death sentence sait manier la caméra, et nous propose quelques scènes réussies, comme ce cache-cache les yeux bandés. Mais à l'image d'Insidious, il va choisir la facilité : alors qu'il sait parfaitement utiliser son décor pour installer une ambiance plutôt glauque, il va systématiquement choisir de conclure en tentant de nous faire sursauter. Hélas, à l'image de beaucoup de film d'épouvante de ces dernières années (Sinister, par exemple), le procédé est tellement stéréotypé et prévisible qu'il en devient inefficace...et agaçant. 

C'est d'autant plus frustrant que cette utilisation du jump-scare intervient par moments à des moments incongrus (comme cette balle dans la cave), et réduit à néant la volonté de Wan de reprendre à son compte les éléments provoquant une peur irrationnelle chez les enfants, comme cette menace se cachant sous le lit, derrière la porte, à la cave ou dans le placard. L'arrivée du couple Warren, chasseurs de fantômes, relance un peu le film en lui apportant un peu de rythme, mais provoque à son tour une impression de déjà-vu.

Ainsi, si l'histoire n'est pas inintéressante, bien que comportant son lot d'incohérences (il est toujours assez étonnant que des médiums si expérimentés ne voient rien venir...), et si Wan reste un réalisateur doué, malgré une forte tendance à la citation, Conjuring : les dossiers Warren donne, dans la lignée d'un Insidious ou d'un Sinister, l'impression d'un immense gâchis, sacrifiant tout son potentiel effrayant pour faire paresseusement sursauter les midinettes...

Note : 5/10


lundi 26 août 2013

Dracula (Dario Argento)


Titre : Dracula (Dracula 3D)
Réalisateur : Dario Argento
Acteurs : Rutger Hauer, Asia Argento, Thomas Kretschmann
Date de sortie en France : 
Genre : épouvante, horreur

Synopsis : 
Transylvanie, 1893. Jonathan Harker, jeune bibliothécaire, arrive dans le village de Passo Borgo afin de travailler pour le Comte Dracula, un noble du lieu. Confronté à la personnalité mystérieuse de son hôte, Jonathan ne tarde pas à découvrir la vraie nature du Comte et le danger qu’il représente, notamment pour sa femme, Mina. Alors que les morts violentes s’accumulent, seul Abraham Van Helsing, qui a déjà croisé la route de Dracula, semble à même de pouvoir l’empêcher de poursuivre son sinistre dessein. 

Avis : 
Alors qu'on le pense au fond du trou depuis des années, l'ancien maître de l'horreur Dario Argento nous prouvait qu'il pouvait encore creuser et repousser les limites de la nullité : Card player, Mother of tears, Giallo, autant de navets consternants qui laissaient imaginer la mort artistique définitive du réalisateur italien. Pourtant, il revient une nouvelle fois en 2013 pour une énième adaptation du Dracula de Bram Stoker.


Il n'y avait guère de suspense : ce Dracula est une nouvelle oeuvre navrante, une nouvelle pierre à l'édifice de la médiocrité de l'auteur des Frissons de l'angoisse. Pourtant, on y discerne cette fois une espèce de générosité presque naïve, un retour à une esthétique un peu plus soignée, qui font de ce film de vampires un métrage moins nullissime que prévu. 

En grattant bien, en passant outre l'interprétation grotesque de l'ensemble du casting (on a l'habitude pour Asia Argento, mais voir Rutger Hauer jouer aussi mal est presque douloureux), les erreurs de montage ou ces passages hallucinants (la mante géante !), on trouve même quelques qualités à ce film d'Argento, ce qui n'était pas arrivé depuis presque 10 ans !

On appréciera ainsi le rythme plutôt soutenu du film, les décors plutôt réussis, et une relative fidélité au roman de Bram Stoker. Van Helsing est ainsi bien loin du clown qu'il était devenu dans le Bram Stoker's Dracula de Coppola, même si la facilité avec laquelle il vainc ses ennemis est souvent risible. Quelques qualités qui, en plus de l'amusement provoqué par de nombreux passages grotesques, font passer un moment presque agréable devant ce Dario Argento's Dracula.

Note : 3/10


dimanche 25 août 2013

Paradis : amour


Titre : Paradis : amour (Paradis : Liebe)
Réalisateur : Ulrich Seidl
Acteurs : Margarete Tiesel, Peter Kazungu, Inge Maux
Date de sortie en France : 9 janvier 2013
Genre : drame

Synopsis : 
Sur les plages du Kenya, on les appelle les « sugar mamas », ces Européennes grâce auxquelles, contre un peu d‘amour, les jeunes Africains assurent leur subsistance. Teresa, une Autrichienne quinquagénaire et mère d’une fille pubère, passe ses vacances dans ce paradis exotique. Elle recherche l’amour mais, passant d’un « beachboy » à l’autre et allant ainsi de déception en déception, elle doit bientôt se rendre à l’évidence : sur les plages du Kenya, l’amour est un produit qui se vend. 

Avis : 
 Premier volet de la trilogie Paradis, avant les chapitres Foi et Espoir, Amour est un film qui pourra difficilement laisser indifférent. Car au travers d'un thème déjà malsain, celui du tourisme sexuel, Ulrich Seidl va livrer un métrage d'une crudité et d'une cruauté assez déstabilisantes, repoussant même à plusieurs reprises les limites d'un mauvais goût parfaitement assumé.


Avec cette chronique autour de sa quinquagénaire venue combler son manque d'amour dans les bras de jeunes Kényans, Seidl semble dénoncer autant le comportement de ces "sugar mamas" dont l'attitude, entre esclavagisme et racisme, est souvent répugnante, que celui de ces "beachboy" qui ont parfaitement saisi la possibilité d'exploiter ces femmes fragiles et facilement manipulables. Mais il faut bien l'avouer : on a surtout l'impression qu'il cherche uniquement à créer le malaise chez le spectateur.

Tout y est cru, tout y est glauque, dans cette Afrique bien éloignée des cartes postales. La façon de filmer du réalisateur autrichien, proche du documentaire, donne un rendu étouffant, une ambiance particulièrement troublante, jusqu'à se demander quelle a été sa volonté. Car à un moment, le film dérape complètement, quand on exhibe et humilie un jeune Kényan entouré par quatre quinquagénaires allemandes bien décidées à le ramener à un statut d'animal. De dérangeant, le film devient soudain nauséabond, et si l'on devine bien là l'intention du réalisateur, il devient compliqué de trouver une légitimité à ce passage d'une violence inouïe.

Paradis : amour est ainsi un film plutôt vénéneux (notamment lorsque l'on sait que les africains sont interprétés par de véritables beachboys...), tentant de développer un postulat de base plutôt intéressant par le seul biais d'un voyeurisme qui devient peu à peu sordide, empêchant finalement toute réflexion. On retiendra néanmoins Margarete Tiesel, parfaite en quinquagénaire un peu perdue au milieu de tout ça et rapidement dépassée par sa propre naïveté. Paradis : amour frappe fort, mais sans doute pas au bon endroit...

Note : 3/10



samedi 24 août 2013

L'Eté du démon


Titre : L'Eté du démon (Kichiku)
Réalisateur : Yoshitaro Nomura
Acteurs : Ken Ogata, Shima Iwashita, Mayumi Ogawa
Date de sortie : 1978
Genre : drame, thriller

Synopsis : 
Depuis quelques années, un imprimeur entretient une maîtresse avec laquelle il a eu trois enfants. Mais ses affaires tournent mal, il ne peut plus subvenir aux besoins de sa famille adultérine. Excédée, la femme fait un jour irruption chez son amant irresponsable : elle lui jette sa progéniture au nez avant de s'évanouir dans la nature. La situation n'est pas du goût de l'épouse légitime. Ivre de jalousie et de haine, elle réussit à convaincre son mari de commettre l'impensable : faire disparaître les enfants pour de bon.

Avis : 
 Prolifique réalisateur japonais (on lui doit 89 longs métrages), Yoshitaro Nomura avait connu un énorme succès en 1974 avec Le Vase de sable, adaptation d'un roman de Seicho Matsumoto. Quelques années plus tard, il s'inspire à nouveau de l'auteur pour réaliser L'Eté du démon, terrible drame plongé dans un cadre social étouffant. 


Dans la chaleur étouffante d'un été caniculaire, Sokichi est enfermé dans son imprimerie au bord de la faillite avec son épouse, qui travaille avec lui, et leur unique employé. La situation devient encore plus difficile lorsque son amante abandonne chez lui ses trois enfants illégitimes, entraînant la furie de son épouse. Impossible d'élever ces gamins, et impossible de retrouver la mère : l'unique solution s'offrant à Sokichi, poussé par sa femme, est de se débarrasser d'eux...

Porté par un Ken Ogata formidable dans le rôle du mari faible et dominé, hésitant entre l'amour inné qu'il porte à ses enfants et l'impossibilité matérielle de les garder chez lui, L'Eté du démon se révèle particulièrement glaçant. Nomura choisit de se concentrer sur le père plutôt que les enfants, offrant avec Sokichi un personnage complexe et crédible, dépassé par sa propre lâcheté, nous offrant ainsi quelques scènes déchirantes. Il n'oublie cependant pas de s'attarder sur les enfants, dont le jeune garçon, au regard remarquable d'intensité, coincé entre son innocence enfantine et la confiance qu'il porte naturellement en son père, et la conscience instinctive de ce qui se passe dans cette maison où ils ne sont pas les bienvenus.

Avec pour seul véritable bémol une fin qui aurait gagné à être écourtée de quelques minutes, L'Eté du démon est donc un drame très réussi, où la réalisation classique de Nomura offre l'écrin idéal à la performance de Ken Ogata pour un film souvent glaçant, dont on ressort assez secoué.

Note : 9/10


Wolverine : le combat de l'immortel


Titre : Wolverine : le combat de l'immortel (The Wolverine)
Réalisateur : James Mangold
Acteurs : Hugh Jackman, Famke Janssen, Tao Okamoto
Date de sortie en France : 24 juillet 2013
Genre : super-héros, action

Synopsis : 
Wolverine, le personnage le plus emblématique de l’univers des X-Men, est entraîné dans une aventure ultime au cœur du Japon contemporain. Plongé dans un monde qu’il ne connaît pas, il doit faire face au seul ennemi de son envergure, dans une bataille à la vie à la mort. Vulnérable pour la première fois et poussé au bout de ses limites physiques et émotionnelles, Wolverine affrontera non seulement l’acier mortel du samouraï mais aussi les questions liées à sa propre immortalité.

Avis : 
 Mais que diable est allé faire James Mangold dans cette galère ? Comment le réalisateur des excellents Walk the line, 3h10 pour Yuma ou Copland a-t-il pu se laisser entraîner dans un nanar aussi spectaculaire ? Soyons honnête, ça partait pourtant bien : Mangold situe son histoire après X-Men : l'affrontement final, et nous montre un Wolverine torturé par le souvenir de Jean Grey et vivant loin de toute civilisation. Mais rapidement, il est rattrapé par son passé (qu'il n'a miraculeusement plus oublié ?) et doit se rendre au Japon. Là, il perd peu à peu son pouvoir de régénération et, après une première scène d'action très réussie, est contraint de s'enfuir avec Mariko, menacée par un immense complot familial.


Et à partir de là...plus rien. Le scénario veut mettre en avant ses personnages plutôt que l'action, qui se fera assez rare. Hélas, alors même que la souffrance physique ou la réflexion de Logan sur sa propre mortalité auraient pu donner quelque chose de très intéressant, le film se perd dans des rebondissements prévisibles, accumulant les poncifs et les ficelles pour livrer l'éternel complot familial que seule l'héroïne n'avait pas vu venir. Car le film ne s'encombre d'aucune finesse, au point de multiplier les incohérences : on a par exemple droit à une attaque de ninjas si mal coordonnée que les hommes de main ne réagissent à aucun moment en voyant leurs collègues se faire tuer en face d'eux !

On notera également qu'au Japon, on peut agresser et tuer librement quelqu'un dans une rue bondée sans que personne ne sourcille, et que les yakuzas et les ninjas peuvent disparaître d'un plan à l'autre du film quand le scénario n'a plus besoin d'eux. Mieux encore, on apprend que l'adamantium, le métal le plus résistant connu, ne vaut pas mieux qu'un katana et peut même être déchiré à mains nues...

Ainsi, alors que l'accent est clairement mis sur le scénario, ce Wolverine est finalement un échec total à ce niveau, se contentant de ficelles et de clichés laissant deviner facilement l'histoire au spectateur, et multipliant les incohérences et erreurs. Le personnage titre n'est finalement jamais développé, et l'action, très rare, et souvent ratée (l'affrontement entre Wolverine et les ninjas n'est qu'un pétard mouillé), voire même ridicule (le train)...A ce niveau, on en viendrait presque à reconsidérer l'épisode réalisé par Gavin Hood...

Note : 3/10



vendredi 23 août 2013


Titre : No
Réalisateur : Pablo Larraín
Acteurs : Gael García Bernal, Antonia Zegers, Alfredo Castro
Date de sortie en France : 6 mars 2013
Genre : drame, historique


Synopsis : 
Chili, 1988. Lorsque le dictateur chilien Augusto Pinochet, face à la pression internationale, consent à organiser un référendum sur sa présidence, les dirigeants de l’opposition persuadent un jeune et brillant publicitaire, René Saavedra, de concevoir leur campagne. Avec peu de moyens, mais des méthodes innovantes, Saavedra et son équipe construisent un plan audacieux pour libérer le pays de l’oppression, malgré la surveillance constante des hommes de Pinochet. 

Avis : 
 En 1988, Augusto Pinochet organise donc un référendum pour assurer son maintien au pouvoir tout en lui donnant une assise démocratique apparente. Avant la campagne, le résultat ne semble en effet faire aucun doute : les soutiens au dictateur sont nombreux, et les opposants sont souvent réduits au silence par peur de représailles ou par la certitude que rien ne changera vraiment. La campagne référendaire passe pour la première fois par la télévision, chaque camp disposant de 15 minutes quotidiennes pour diffuser ses messages.


No va ainsi suivre la campagne du "non" à travers le personnage de René Saavedra, jeune publicitaire, qui va appréhender la question de la démocratie non comme un idéal, mais comme un produit qu'il faut vendre au public. C'est là l'une des grandes forces du film : au-delà de son aspect politique, qui ne sert finalement que de toile de fond, il va étudier cet affrontement de propagandes. Face aux images du camp du "pour", qui entend rappeler aux chiliens les progrès opérés depuis la prise de pouvoir de Pinochet, Saavedra va opter pour une approche originale : celle de se concentrer sur le bonheur, la joie.

Saavedra semble ainsi un peu décalé au milieu de son groupe : il n'est jamais vraiment militant, et est plus intéressé par les aspects techniques, par le rythme de ses clips que par le rappel des heures sombres du pays. On le verra ainsi, à l'annonce de la victoire du "non", un peu perdu, détaché, avant d'aller reprendre son travail de publicitaire chez son patron partisan du "oui" comme si rien n'avait changé. Il ne sera vraiment concerné que lorsque ses actions attireront l'attention du camp opposé, et que sa famille sera surveillée et même menacée.

Reprenant des images d'archives, et optant pour un format en 4/3 et un grain destiné à vieillir l'image et la rapprocher d'un documentaire d'époque, No est un excellent film, aussi amusant et grinçant qu'inquiétant et intelligent, dépassant le simple film historique et politique pour entraîner une réflexion sur le pouvoir des médias sur le spectateur, un thème forcément d'actualité...

Note : 8,5/10


jeudi 22 août 2013

Les Nibelungen : la vengeance de Kriemhild


Titre : Les Nibelungen : la vengeance de Kriemhild (Die Nibelungen - Kriemhilds Rache [2. Teil])
Réalisateur : Fritz Lang
Acteurs : Margarete Schön, Hans Adalbert Schlettow, Rudolf Klein-Rogge
Date de sortie en France : mars 1925
Genre : aventures, drame

Synopsis : 
Après la mort de Siegfried, Kriemhild se marie avec Etzel, le roi des Huns. Elle donne naissance à un fils et invite alors ses frères à une fête. Elle essaye de persuader Etzel et ses Huns de tuer Hagen de Tronje, le meurtrier de Siegfried, mais ce dernier est protégé par ses frères, et notamment le roi Gunther...

Avis :  
Après une première partie fortement marquée par le fantastique, ce second volet des Nibelungen change radicalement de ton. Si l'héroïsme de Siegfried était au centre des débats dans La Mort de Siegfried, c'est cette fois sa veuve, Kriemhild, et son désir de vengeance, qui occupent toute la place. Car la jeune femme est prête à tous les sacrifices et à toutes les manipulations pour parvenir à ses fins, même si cela implique d'épouser Etzel, le roi des Huns, et de provoquer une guerre qui condamnera les membres de sa famille.


Margarete Schön passe ainsi de l'innocence un peu niaise qu'elle arborait dans la Partie I à une colère implacable. L'actrice est presque méconnaissable, offrant une étonnante intensité à chaque fois qu'elle apparaît à l'écran. Son interprétation sert parfaitement le film, le faisant basculer dans une noirceur très éloignée des exploits hauts en couleurs de Siegfried, où les héros n'existent plus, où tout manichéisme a disparu pour laisser la place à des personnages plus complexes.

Etzel, le viril roi des barbares, cache ainsi un véritable sens de l'honneur, refusant de s'attaquer à ses invités ; mieux encore, Hagen de Tronje, l'assassin de Siegfried, finit par gagner nos faveurs grâce à son courage et à sa loyauté sans faille à son roi. Quant à Kriemhild, sa légitime soif de vengeance en fait peu à peu une reine sanguinaire, sans sentiment, assistant sans sourciller à la mort de son fils et de ses frères.


Cette seconde partie est d'ailleurs beaucoup plus bavarde, et est d'ailleurs un peu moins rythmée que la première. Fritz Lang compense néanmoins ce statisme récurrent par une explosion visuelle lors des scènes d'action, où des dizaines de figurants se livrent à des affrontements dantesques et superbement chorégraphiés. Le réalisateur allemand nous offre toujours quelques plans saisissants, notamment lors de l'incendie du palais des Huns.

La Vengeance de Kriemhild est donc bien différent de La Mort de Siegfried : abandonnant la fantasy, Fritz Lang nous offre ici une sombre histoire de vengeance sans issue, porté par l'intensité de Margarete Schön dans le rôle de la veuve implacable et par l'intelligence de l'évolution des personnages principaux. Encore une fois, une vraie réussite, malgré quelques longueurs en début de film.

Note : 9/10


mercredi 21 août 2013

Moi, moche et méchant 2


Titre : Moi, moche et méchant 2 (Despicable me 2)
Réalisateur : Chris Renaud, Pierre Coffin
Acteurs : Steve Carell, Kristen Wiig, Russell Brand
Date de sortie en France : 26 juin 2013
Genre : animation, comédie

Synopsis : 
Ayant abandonné la super-criminalité et mis de côté ses activités funestes pour se consacrer à la paternité et élever Margo, Édith et Agnès, Gru, et avec lui, le Professeur Néfario et les Minions, doivent se trouver de nouvelles occupations. Alors qu’il commence à peine à s’adapter à sa nouvelle vie tranquille de père de famille, une organisation ultrasecrète, menant une lutte acharnée contre le Mal à l’échelle planétaire, vient frapper à sa porte. Soudain, c’est à Gru, et à sa nouvelle coéquipière Lucy, que revient la responsabilité de résoudre une série de méfaits spectaculaires. Après tout, qui mieux que l’ex plus méchant méchant de tous les temps, pourrait attraper celui qui rivalise pour lui voler la place qu’il occupait encore récemment.

Avis : 
 Après un premier volet sympathique mais loin d'être formidable, Gru et ses Minions remettent le couvert pour un second épisode : devenu un gentil, père de trois petites filles, Gru est chargé d'épauler Lucy pour retrouver un virus redoutable transformant son hôte en créature féroce et mauve. Une base qui va permettre d'offrir une suite bien plus réussie, plus rythmée et plus drôle.


Moi, moche et méchant 2 va ainsi jouer des codes des films d'espionnage de façon bien plus convaincante que le premier volet. Les personnages sont bien plus réussis (El Macho est un antagoniste bien plus passionnant que le fade Vector), les gags mieux amenés, et même Gru devient un personnage attachant. Entre deux clins d'oeil au cinéma (même Alien, le huitième passager ou L'Invasion des profanateurs de sépultures sont cités), à la télévision (ce Minion échappé de La Croisière s'amuse) ou à la photographie (le célèbre Lunch atop a skycraper), les gags et les scènes épiques s'enchaînent de façon très fluide, sans aucun temps mort.

Mais bien sûr, les Minions se paient encore la part du lion : encore plus présents que dans le premier film, ils continuent à nous faire rire à de nombreuses reprises, entre leurs gaffes, leur enthousiasme décalé, leurs déguisements ou leur langage. Ils sont d'ailleurs au centre même du scénario, le fameux virus les transformant en Minions mauves, petits monstres grimaçants aux cheveux hirsutes.

Bien plus réussi que le premier volet, Moi, moche et méchant 2 est donc une excellente surprise. Pastiche souvent hilarant des films d'espionnage, fourmillant de détails et de références, le film fait souvent mouche, et cette fois le mérite n'en revient pas uniquement aux Minions. Même s'il faut bien avouer que, sans eux, le film tournerait sans doute rapidement en rond...

Note : 8/10


Les Nibelungen : la mort de Siegfried


Titre : Les Nibelungen : la mort de Siegfried (Die Nibelungen – Siegfried [1. Teil])
Réalisateur : Fritz Lang
Acteurs : Paul Richter, Margarete Schön, Hans Adalbert Schlettow
Date de sortie en France : mars 1925
Genre : aventures, fantasy

Synopsis : 
Siegfried, fils du roi Siegmund de Xanten, termine son apprentissage chez le nain Mime. Il forge une magnifique épée. Désormais, il peut retourner chez lui, mais l'ambitieux jeune homme veut se rendre à Worms, capitale des Burgondes, pour conquérir la belle Kriemhild, sœur du roi Gunther. Traversant une forêt, il triomphe d'un dragon. Suivant les conseils d'un oiseau, il se trempe dans le sang du dragon qui le rend invulnérable à l'exception d'une zone sur son épaule où s'est posée une feuille.

Avis : 
 Adaptation de La Chanson des Nibelungen, une légende scandinave reprise par les conteurs germaniques, Les Nibelungen est un film d'environ cinq heures, divisé en deux parties d'égale durée : La Mort de Siegfried et La Vengeance de Kriemhild. Dans cette première moitié, nous suivons donc le destin de Siegfried, héros germanique ambitieux et courageux, dans sa quête pour obtenir la main de Kriemhild, la soeur du roi des Burgondes.


Dans une première heure très rythmée, on nous présente donc le jeune homme, forgeron doué, dans de nombreuses péripéties : il affronte un dragon, trouve le trésor d'un nain, et doit ensuite affronter la redoutable Brunhild au cours de trois épreuves afin de pouvoir enfin conquérir sa bien aimée. Fritz Lang nous livre ici un récit d'aventures formidable, mettant en images les légendes nordiques avec un sens inégalable du visuel : l'affrontement avec le dragon est ainsi l'occasion d'images qui resteront gravées à jamais dans l'histoire du cinéma. On appréciera par ailleurs la qualité des effets spéciaux, modèles d'inventivité avec ces jeux de surimpression ou cette maquette de seize mètres animée par des hommes cachés à l'intérieur.

La seconde moitié de cette première partie se concentre sur les intrigues de palais, avec ses complots et ses trahisons. Magie du film muet, nous n'avons guère besoin de beaucoup d'explications pour comprendre les différents enjeux, et les panneaux de dialogue sont assez rares pour ne pas ralentir le film. On a alors tout le loisir d'apprécier l'évolution des différents personnages, d'une Kriemhild qui paraît d'abord bien cruche avant de se révéler implacable dans le final, à Siegfried dont l'arrogance et la trop grande confiance le mèneront à sa perte, en passant par le roi Gunther, incapable de s'imposer à une épouse offerte par le héros.


La réalisation de Lang permet d'instaurer un souffle étonnant dans cette seconde moitié pourtant bien plus calme, insistant largement sur les troubles des différents personnages et sur le destin inexorable de Siegfried (on relèvera d'ailleurs un court mais magnifique passage en animation, ou une superbe transformation d'un arbre en crâne humain). Il réserve encore quelques passages magnifiques, comme la mort du héros, transpercé par une lance dans un décor idyllique.

Les Nibelungen : la mort de Siegfried est ainsi une des plus grandes oeuvres de l'histoire du cinéma, avec une première heure épique et spectaculaire, avec un univers d'une incroyable richesse, et une seconde moitié plus calme mais presque aussi prenante. Avec quelques scènes mémorables et le talent de Fritz Lang et la qualité des effets spéciaux, le film résiste en plus admirablement aux assauts du temps, restant étonnamment moderne et bien plus réussi que tous les films de fantasy des 90 dernières années.

Note : 10/10


mardi 20 août 2013

Morse


Titre : Morse (Låt den rätte komma in)
Réalisateur : Tomas Alfredson
Acteurs : Kåre Hedebrant, Lina Leandersson, Per Ragnar
Date de sotie en France : 4 février 2009
Genre : épouvante, horreur, drame

Synopsis : 
Oskar est un adolescent fragile et marginal, totalement livré à lui-même et martyrisé par les garçons de sa classe. Pour tromper son ennui, il se réfugie au fond de la cour enneigée de son immeuble, et imagine des scènes de vengeance. Quand Eli s'installe avec son père sur le même pallier que lui, Oskar trouve enfin quelqu'un avec qui se lier d'amitié. Ne sortant que la nuit, et en t-shirt malgré le froid glacial, la jeune fille ne manque pas de l'intriguer... et son arrivée dans cette banlieue de Stockolm coïncide avec une série de morts sanglantes et de disparitions mystérieuses. 

Avis :  
 Sorti en France un petit mois après Twilight - chapitre 1 : Fascination, Morse en constitue un peu l'antithèse. Adapté du roman Laisse-moi entrer de John Ajvide Lindqvist, il raconte la relation entre Oskar, garçon introverti, et Eli, sa nouvelle voisine de palier au comportement étrange. Mais si Twilight reste un film pour midinettes, Morse se veut bien plus adulte, traitant de thèmes bien plus forts et matures, par le biais d'éléments laissés habilement en suspens et concernant notamment le mystère autour d'Eli, ou encore de sa relation avec l'homme adulte qui l'accompagne.


Morse, c'est peut être ma variation préférée sur le thème du vampire. L'histoire m'a complètement conquis, laissant régulièrement le fantastique de côté au profit du drame, avec de nombreuses pistes de lecture, abordant aussi bien la chronique familiale, le drame adolescent, l'horreur, la féérie...Du côté de la réalisation, on trouve un aspect plutôt classique pour un film scandinave : il y a quelquechose de très froid qui s'en dégage, le rythme est très lent, presque contemplatif par moments, et les plans fixes sont souvent accompagnés d'un silence insistant. Alfredson joue de plus constamment sur les flous et sur les seconds plans, apportant une richesse visuelle assez bluffante à l'ensemble, et magnifiant les paysages enneigés. Enfin, le duo de jeunes acteurs est completement bluffant, notamment Lina Leandersson, simplement parfaite.

La relation entre Eli et Oskar est à la fois complexe et d'une simplicité touchante, donnant un film à fleur de peau sans jamais sombrer dans la facilité ou le mélo, la nature et les actes d'Eli faisant constamment peser une menace sur Oskar, qui pourra également se reveler dangereux à son tour. La violence ne sera pas complètement oubliée, par le biais de quelques attaques rapides mais efficaces (à l'exception de la scène des chats, sans doute la moins réussie) et d'effets spéciaux discrets mais très convaincants.

Bref, un film magnifique,qui a depuis fait (évidemment) l'objet d'un remake américain avec Laisse-moi entrer de Matt Reeves qui, s'il n'est pas désagréable, ne s'approche jamais de la qualité de ce Morse.

Note : 9/10


mercredi 14 août 2013

Elysium


Titre : Elysium
Réalisateur : Neill Blomkamp
Acteurs : Matt Damon, Jodie Foster, Sharlto Copley
Date de sortie en France : 14 août 2013
Genre : science-fiction, action

Synopsis : 
En 2154, il existe deux catégories de personnes : ceux très riches, qui vivent sur la parfaite station spatiale crée par les hommes appelée Elysium, et les autres, ceux qui vivent sur la Terre devenue surpeuplée et ruinée. La population de la Terre tente désespérément d’échapper aux crimes et à la pauvreté qui ne cessent de ne propager. Max, un homme ordinaire pour qui rejoindre Elysium est plus que vital, est la seule personne ayant une chance de rétablir l’égalité entre ces deux mondes. Alors que sa vie ne tient plus qu’à un fil, il hésite à prendre part à cette mission des plus dangereuses -  s’élever contre la Secrétaire Delacourt et ses forces armées – mais s’il réussit, il pourra sauver non seulement sa vie mais aussi celle de millions de personnes sur Terre.

Avis : 
En 2009, Neill Blomkamp avait, dès son premier film, marqué le public avec son District 9, dont la seconde partie se révélait particulièrement jouissive. Après un tel succès, le réalisateur sud-africain était évidemment attendu au tournant, obtenant pour son premier film hollywoodien un budget conséquent (90 millions de dollars, contre "seulement" 30 millions pour son film précédent) et un casting royal : Matt Damon, Jodie Foster, Sharlto Copley (l'acteur principal de District 9) ou encore William Fichtner.


Avec Elysium, Blomkamp reprend quelques thèmes qui lui semblent cher : on retrouve ainsi sans surprise la lutte des classes, avec cette opposition entre les plus riches, bien en sécurité sur Elysium, et les plus pauvres, soumis à l'autorité d'une police inhumaine, contraints de travailler dans des conditions horribles pour un salaire de misère, et n'ayant qu'un accès aux soins limités. Rien de bien nouveau ni de bien subtil dans tout ça, mais comme pour District 9, l'intérêt va très vite se trouver ailleurs. 

Elysium va ainsi rapidement se tourner vers l'action, avec un Matt Damon rapidement forcé de s'opposer à l'ordre établi pour survivre : obligé de rejoinde Elysium pour survivre, il va ainsi se voir greffer un exosquelette (on retrouve ici l'idée de fusion entre deux corps étrangers, l'armature métallique remplaçant le membre extraterrestre) et être poursuivi par Kruger, un agent sud-africain implacable. Les affrontements se font au corps à corps ou à coups d'armes futuristes, démembrant les victimes ou les faisant exploser.


Bénéficiant d'effets spéciaux très réussis, ces scènes d'action sont souvent intenses et parfois violentes, mais souffrent par moments de la réalisation très (trop ?) stylisée de Blomkamp : la caméra à l'épaule donne ainsi autant de séquences réussies que de passages illisibles, et le réalisateur abuse parfois de ralentis, au point de laisser l'impression de se regarder un peu filmer. Rien de bien grave, si ce n'est une scène clé complètement ratée en fin de film.

Reste quand même un scénario qui, bien qu'assez prévisible, reste très prenant et réserve quelques moments très forts. Matt Damon est époustouflant dans le rôle principal, et on appréciera aussi de voir Jodie Foster en garce ou Sharlto Copley en mercenaire violent. Avec Elysium, Neill Blomkamp confirme donc les belles promesses de District 9, et si le film est légèrement inférieur à son aîné, dont il partage un bon nombre de qualités et de défauts, il reste l'un des films de science-fiction les plus réjouissants de ces dernières années. De quoi nous faire patienter avant District 10 ou une adaptation de la saga de jeux vidéo Halo, pour lequel Blomkamp semble plus que jamais être le réalisateur idéal.

Note : 8/10


jeudi 8 août 2013

Kaïro


Titre : Kaïro
Réalisateur : Kiyoshi Kurosawa
Acteurs : Haruhiko Kato, Kumiko Aso, Koyuki
Date de sortie en France : 23 mai 2001
Genre : épouvante, horreur, thriller

Synopsis : 
Taguchi, un jeune informaticien, est retrouvé pendu dans son appartement. Sous le choc, ses collègues cherchent à en savoir plus sur ce suicide inexplicable. La victime a laissé un mystérieux message contenu dans une simple disquette. De toute évidence, celle-ci recèle un virus qui contamine ses utilisateurs et a de graves répercussions sur leur comportement. A Tokyo, l'inquiétude grandit au fur et à mesure que le virus se propage à travers les réseaux informatiques. Des petits groupes de jeunes gens tentent de résister, tandis que les disparitions se multiplient.  

Avis : 
La Mort est une solitude éternelle. Avec Kaïro, Kiyoshi Kurosawa va réaliser en 2000 l'un des meilleurs films de spectres de l'histoire du cinéma, et l'un des films les plus effrayants que j'ai pu voir. A l'image du Dark water d'Hideo Nakata, il va mêler épouvante et thriller dramatique, offrant un diagnostic particulièrement pessimiste de son pays.


Le Japon va mal, très mal. Suicides, disparitions, individualisme, autisme virtuel...Les relations entre les personnes n'existent plus, et quand elles existent, elles ne sont que superficielles, un peu à la façon dont on connaît ses interlocuteurs sur le web. On leur parle, mais on ne connaît rien d'eux, on ne s'intéresse pas vraiment à leurs problèmes, on ne s'inquiète pas véritablement de leur absence. Dans une telle situation d'isolement, le suicide semble y être une solution ("après la mort, je ne serai plus seule"), même si l'on s'aperçoit plus tard qu'il n'y a aucune solution à ces fléaux qui gangrènent le pays, et risquent de le mener vers son apocalypse. 

Pour illustrer cette déviance (parmi d'autres), Kurosawa la personnifie en une figure fantomatique, une ombre dont le symbole semble évident, entre dépersonnification et oubli progressif. Il va s'en servir pour offrir un vrai film d'ambiance, de ceux que l'on ne voit pas assez. De ceux qui ne font pas exploser le son pour donner l'impression de faire peur. Au contraire, le son sera ici un personnage à part entière, jamais agressif, mais omniprésent et angoissant. Il s'allie pour l'occasion avec le sens de l'image du réalisateur japonais : les plans, les perspectives, et les jeux sur les ombres sont d'une beauté remarquables, et participent au climat d'angoisse. Cela donne quelques scènes vraiment terrifiantes, comme ce fantôme s'approchant lentement d'un personnage, ou ce passage tétanisant dans la chambre d'Harue. 

Kaïro reste ainsi, à mes yeux, le meilleur représentant de la vague de films de fantômes asiatiques du début des années 2000, loin devant les Ring, Dark water, Ju-On / Ju-On : the grudge ou encore Shutter. Très effrayant et très intelligent, il ne s'essouffle finalement que lors de son final, un peu long et superflu. Reste une oeuvre formidable, et l'un des très rares films à m'avoir vraiment fait peur, même après l'avoir vu plusieurs fois.

Note : 9/10

 

mercredi 7 août 2013

Lone Ranger, naissance d'un héros


Titre : Lone Ranger, naissance d'un héros (The Lone Ranger)
Réalisateur : Gore Verbinski
Acteurs : Johnny Depp, Armie Hammer, William Fichtner
Date de sortie en France : 7 août 2013
Genre : western, aventures

Synopsis : 
Tonto, guerrie indien, raconte l'histoire méconnue qui a transformé John Reid, un ancien défenseur de la loi, en un justicier légendaire. Ces deux héros à part vont devoir apprendre à faire équipe pour affronter le pire de la cupidité et de la corruption.

Avis : 
Personnage méconnu en France, The Lone Ranger est un héros extrêmement populaire aux Etats-Unis. Véritable icône, il est d'abord apparu dans une feuilleton radiophonique en 1933, puis une série télévisée de 1949 à 1957. Déjà réalisateur de Rango, Gore Verbinski va ici retrouver un mélange entre western et humour, et mettre de nouveau en scène Johnny Depp après la trilogie Pirates des Caraïbes.


Un Johnny Depp qui va d'ailleurs très vite voler la vedette à Armie Hammer (The Social network) en campant un Tonto directement hérité du capitaine Jack Sparrow : toujours au bord de la folie, cet indien taciturne à l'apparence improbable est le véritable héros du film, son principal ressort comique. Certes, après la trilogie des Pirates, l'interprétation de Depp semble souvent un peu redondante, mais reste très efficace et fait régulièrement sourire. Seul William Fichtner (Elysium, la série Prison break) soutient la comparaison, parfait dans la peau du bandit sans scrupule.

Malgré un scénario plutôt simple et quelques choix étrange (la narration par un Tonto âgé dans un musée ne sert strictement à rien...), les 2h30 de Lone Ranger passent très vite. Les scènes d'action se succèdent à un bon rythme, avec une sympathique démesure et un réalisme souvent joyeusement absent. Les deux longues scènes dans les trains sont ainsi des modèles de générosité, même si l'on finit par se lasser de l'utilisation systématique du thème du héros, le William Tell Overture de Rossini, dont le côté épique finit par s'essouffler après plusieurs minutes.

Lone Ranger, naissance d'un héros est donc un divertissement pop-corn, ponctué de scènes d'action démesurée et de touches humoristiques inoffensives. Le mélange des genres (western / aventures / drame / humour) fonctionne plutôt bien, même si l'on regrettera que les thèmes les plus matures, comme le racisme ou la guerre avec les indiens, malgré une somptueuse bataille, ne soient qu'effleurés. On préfèrera finalement revoir les films précédents de Verbinski, et en particulier Rango dans un genre très similaire.

Note : 7/10


Les Profs


Titre : Les Profs
Réalisateur : Pierre-François Martin-Laval
Acteurs : Christian Clavier, Isabelle Nanty, Pierre-François Martin-Laval
Date de sortie en France : 17 avril 2013
Genre : comédie

Synopsis : 
Avec ses 12% de réussite au bac, le lycée Jules Ferry est le pire lycée de France. Ayant déjà épuisé toutes les méthodes conventionnelles, l’Inspecteur d’Académie, au désespoir, s’en remet aux conseils de son Adjoint. Ce dernier lui propose de recruter une équipe de professeurs selon une nouvelle formule : aux pires élèves, les pires profs pour soigner le mal par le mal… C’est sa dernière chance de sauver l’établissement, à condition de dépasser le seuil des 50% de réussite au bac. L'inspecteur accepte, pour le meilleur... et pour le pire. 

Avis : 
Les adaptations de bande-dessinées au cinéma riment la plupart du temps avec des films médiocres. Pour une réussite comme Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre ou Les Aventures de Tintin : le secret de la Licorne combien de Lucky Luke, d'Iznogoud ou de Astérix aux jeux olympiques ? Aussi, l'adaptation de la BD Les Profs laissait-elle envisager le pire, malgré la présence de PEF derrière la caméra (à qui l'on doit notamment les très beau Essaye-moi) et en tant qu'acteur, aux côtés de Christian Clavier, Isabelle Nanty ou encore Kev Adams.


Et pourtant, surprise ! Ca fonctionne parfaitement pendant une bonne heure. Suivant le rythme de son modèle papier, le film enchaîne les gags très rapidement, assumant totalement l'aspect délirant de ses personnages et de ses situations improbables, tout en oubliant joyeusement toute notion de scénario. Chaque professeur a ainsi ses moments de gloire, du paresseux Monsieur Cutiro à Monsieur Polochon, professeur d'histoire recalé 18 fois au CAPES et fanatique de Napoléon, dans des sketches très fidèles à l'esprit des bandes-dessinées.

En fait, comme souvent dans ce genre de comédie, ça ne se gâte qu'à partir du moment où il faut bien raconter une histoire. Toutes les séquences consacrées à la quête finale pour obtenir les 50 % de réussite au Bac ralentissent ainsi considérablement le rythme, et sont bien moins drôles que le reste, malgré quelques passages réussis, comme l'arrivée des enseignants renvoyant directement aux 7 mercenaires. On sent d'ailleurs PEF bien plus à l'aise dans les situations folles, non-sensiques, rappelant parfois celles des Robins des bois, que quand le film est plus posé.

Les Profs déploient donc une formidable énergie pendant une bonne partie du film, enchaînant les situations vraiment drôles à une allure effrénée, avant de rentrer dans le rang pour les besoins de son histoire. Un ralentissement qui se fait également ressentir quand on se concentre sur les élèves, bien fades, à l'image de leur meneur interprété par l'insipide Kev Adams. Qu'importe, Les Profs reste une gentille petite comédie, qui n'évite pas toujours la surenchère mais s'avère drôlement distrayante !

Note : 7/10


mardi 6 août 2013

The Lords of Salem


Titre : The Lords of Salem
Réalisateur : Rob Zombie
Acteurs : Sheri-Moon Zombie, Bruce Davison, Jeffrey Daniel Phillips
Date de sortie en France : 
Genre : épouvante, horreur

Synopsis : 
Alors qu'elle passe un vinyle à l'antenne de la radio pour laquelle elle travaille, Heidi réveille un groupe de sorcières tuées au XVIIème siècle à Salem et ayant juré de revenir se venger...

Avis : 
Après le survival (La Maison des 1000 morts, The Devil's rejects) et le slasher (Halloween 1 & 2), Rob Zombie s'attaque cette fois au Diable lui-même. Un thème à la mode, si l'on en croit les nombreux films à base de possession et d'exorcisme qui débarquent régulièrement sur nos écrans depuis quelques années, de Le Dernier Exorcisme aux Paranormal Activity en passant par Le Rite ou Devil Inside. Heureusement, Rob Zombie n'est pas réalisateur à suivre les éternelles recettes qui font de ces films des monuments de banalité, mais va plutôt ancrer son film dans les années 70, tant au niveau de l'esthétique, que du rythme et de l'ambiance.


Parce qu'il se dégage une vraie atmosphère de folie dans ce Lords of Salem, qui s'immisce peu à peu, au rythme d'une musique très marquante annonçant le retour des sorcières, au rythme de scènes frôlant le surréalisme et rappelant même certains délires d'Alejandro Jodorowsky ou de Ken Russell. Et si certains éléments font également penser à Rosemary's baby ou à la trilogie de Dario Argento (Suspiria-Inferno-Mother of tears), le film de Rob Zombie se construit une identité propre, jouant autant sur le son que sur l'image et prenant surtout le temps de raconter son histoire, bien loin de la majorité des films d'horreur et d'épouvante actuels.

Rob Zombie signe donc un film qui qui dénote dans le paysage cinématographique actuel. Ambitieux et original, il signe ici une oeuvre qui semble habitée par le Diable, la folie et l'horreur se mêlant peu à peu vers un final aussi déroutant que séduisant, n'hésitant pas à égratigner la religion ou à tourner en dérision la réputation satanique du Black Metal. Un film où l'on retrouve évidemment son épouse, Sheri Moon, aux premiers plans, mais aussi quelques figures connues parmi les seconds rôles et les figurants (parmi lesquels Ken Foree, Michael Berryman, Sid Haig et Dee Wallace), dont le rythme et le scénario plutôt mince seront les uniques petits bémols.

Note : 8/10


lundi 5 août 2013

Le Passé


Titre : Le Passé
Réalisateur : Asghar Farhadi
Acteurs : Bérénice Béjo, Tahar Rahim, Ali Mosaffa
Date de sortie en France : 17 mai 2013
Genre : drame

Synopsis :
Après quatre années de séparation, Ahmad arrive à Paris depuis Téhéran, à la demande de Marie, son épouse française, pour procéder aux formalités de leur divorce. Lors de son bref séjour, Ahmad découvre la relation conflictuelle que Marie entretient avec sa fille, Lucie. Les efforts d'Ahmad pour tenter d'améliorer cette relation lèveront le voile sur un secret du passé.

Avis : 
Après la consécration internationale d'Une séparation, Asghar Farhadi était attendu au tournant. Il choisit pour l'occasion de venir tourner en France, avec des comédiens français, en langue française, ce qui l'obligera à avoir recours à un interprète pendant le tournage. Alors que le rôle de Marie devait à l'origine revenir à Marion Cotillard, son emploi du temps l'obligea à renoncer, et elle fut remplacée par Bérénice Bejo (The Artist, Populaire), à ma plus grande satisfaction. Le rôle de Samir sera quant à lui interprété par Tahar Rahim, révélé par Un prophète de Jacques Audiard.


S'il transpose son intrigue à Paris, Farhadi n'abandonne pas pour autant ses thèmes de prédilection, avec ses secrets gardés depuis bien trop longtemps et sa cellule familiale en crise. D'emblée, la situation est compliquée : Marie fait revenir Ahmad en France afin d'officialiser leur divorce. Elle a deux filles, dont le père vit maintenant en Belgique, et vit avec Samir, qu'elle souhaite épouser et dont elle attend un enfant. Samir a lui aussi un enfant, qu'il a eu avec son épouse, actuellement dans le coma après une tentative de suicide. Lucie, la fille aînée de Marie, déteste Samir et souhaite à tout prix voir sa mère renoncer à se marier avec lui. Au milieu de tout ça débarque donc Ahmad, dont la présence va rapidement attiser toutes les rancoeurs de ce joli monde.


Le réalisateur iranien va ainsi s'appuyer sur les regards de ses acteurs,jouer sur les silences gênés (notamment cette formidable séquence où Samir et Ahmad attendent longuement, sans un mot ni un regard pour l'autre, le retour de Marie), et amplifier ainsi les malaises, le tout en insistant sur ces lourds secrets, dont les conséquences sont parfois terribles. Le Passé nous propose ainsi un formidable puzzle, où les personnages devront  reconstituer une vérité dont l'importance était, jusqu'à l'arrivée d'Ahmad, toute relative.

Pourtant, malgré tout le talent de Farhadi pour raconter et mettre en images ces sujets, la sauce prend moins que pour ses précédents films. Peut-être, tout simplement, que le fait de situer l'action à Paris retire cette délicieuse sensation de dépaysement, malgré des thèmes universels, que l'on retrouvait en Iran. Ainsi, on est un peu plus sensible aux stéréotypes, de l'ouvrière maghrébine sans papiers, à l'accent à couper au couteau et incapable d'aligner trois mots dans un français correct, à la fille en pleine crise d'adolescence. Les révélations finissent également par en devenir caricaturales, dans une espèce de tourbillon où la subtilité habituelle de Farhadi finit par se perdre un peu.

Le Passé est donc une petite déception, principalement due à la comparaison avec les précédentes oeuvres du réalisateur iranien. Reste néanmoins une oeuvre très forte, intense et prenante, où le formidable trio d'acteurs Bejo-Rahim-Mosaffa évolue à merveille au milieu des non-dits, des secrets de polichinelle et des confrontations (ou des non-confrontations) douloureuses. Et s'il n'atteint pas la qualité de La Fête du feu ou d'Une séparation, le film d'Asghar Farhadi reste néanmoins une des plus belles réussites de cette première moitié d'année.

Note : 7,5/10