vendredi 21 décembre 2012

Le Hobbit : un voyage inattendu


Titre : Le Hobbit : un voyage inattendu (The Hobbit : an unexpected journey)
Réalisateur : Peter Jackson
Acteurs : Martin Freeman, Ian McKellen, Richard Armitage
Date de sortie en France : 12 décembre 2012
Genre : fantasy

Synopsis : 
Dans Un voyage inattendu, Bilbon Sacquet cherche à reprendre le Royaume perdu des Nains d'Erebor, conquis par le redoutable dragon Smaug. Alors qu'il croise par hasard la route du magicien Gandalf le Gris, Bilbon rejoint une bande de 13 nains dont le chef n'est autre que le légendaire guerrier Thorin Écu-de-Chêne. Leur périple les conduit au cœur du Pays Sauvage, où ils devront affronter des Gobelins, des Orques, des Ouargues meurtriers, des Araignées géantes, des Métamorphes et des Sorciers…

Avis :
Le voilà donc enfin ! Une décennie plus tard, Peter Jackson retourne en Terre du Milieu pour retrouver, après King Kong (2005) et Lovely Bones, et peut-être avant de réaliser son Tintin, l’univers qui l’a mondialement consacré pour une nouvelle trilogie. Après une préproduction cauchemardesque marquée notamment par des problèmes de droits autour de l’oeuvre de Tolkien, puis les problèmes financiers de la Metro-Goldwyn-Mayer et enfin le départ de Guillermo del Toro, qui devait réaliser le film, Peter Jackson reprend les commandes du film. Il est alors confronté à un nouveau problème : l’adaptation même du roman. Bilbo le Hobbit suit un rythme soutenu, sans véritablement se soucier de ses personnages, et selon une structure bien différente d’un film. Ainsi, comme il l’avait fait pour la première trilogie, Jackson va devoir repenser certains éléments de l’histoire, en développer d’autres, et va ainsi utiliser les appendices du Seigneur des anneaux afin de relier au mieux les deux trilogies tout en étoffant l’histoire de Bilbon, tel qu’aurait pu le souhaiter Tolkien.

Conséquence directe : alors que deux films étaient initialement prévus, le Hobbit devient une trilogie. Horreur ! Telle une horde d’orques déchaînés, la communauté des fans hurle, grogne des remarques inaudibles, est à deux doigts de jeter au feu son messie, Celui qui a transposé à l’écran les aventures de Frodon avec tant de génie. Pensez-vous : comment un livre comme Bilbo le Hobbit peut-il faire l’objet d’une adaptation aussi longue que celle du Seigneur des Anneaux. Peter Jackson est-il donc devenu à ce point obsédé par l’argent ? Déjà qu’il ne fait plus de films gores, si en plus il allonge démesurément ses adaptations juste pour faire comme les Harry Potter, Twilight ou Hunger Games, qu’allons-nous devenir ? Si une des explications a déjà été donnée plus haut (le Hobbit n’est pas l’adaptation du seul Bilbo le hobbit), on peut également noter que les montages de Jackson pour deux films dépassaient largement les trois heures. C’est cet aspect qui a convaincu la Warner d’en faire une trilogie, ce qui était apparemment l’idée du réalisateur depuis le début. Enfin, on se demandera si la durée d’une adaptation est directement liée au nombre de pages, pour rapidement s’apercevoir que non...Après tout, Peter Jackson a déjà largement montré dans La Communauté de l’Anneau, Les Deux Tours et Le Retour du Roi à quel point il pouvait étirer ou réduire des passages des livres.

L’histoire du Hobbit se déroule donc 60 ans avant celle du Seigneur des anneaux, et suit les premières aventures de Bilbon Sacquet. La première chose qui frappe, c’est que l’on ne met vraiment pas longtemps à replonger dans l’univers mis en images par le réalisateur néo-zélandais. On retrouve ainsi les mêmes paysages, les mêmes thèmes musicaux, la même façon de filmer...et quelques visages familiers. Elijah Wood (actuellement à l’affiche du remake de Maniac) reprend quelques minutes le rôle de Frodon, Ian Holm (Alien, le huitième passager) prête de nouveau ses traits à la version âgée de Bilbon, et Gandalf est toujours interprété par Ian McKellen (X-Men). Tout au long du film, nous croiserons ainsi quelques personnages bien connus de la Terre du Milieu, tels qu’Elrond (Hugo Matrix Weaving), Galadriel (Cate L’Etrange histoire de Benjamin Button Blanchett), Saroumane (Christopher "sa filmographie est trop conséquente pour ne citer qu’un film" Lee) ou bien sûr Gollum, toujours interprété par le formidable Andy Serkis. Bilbon est quant à lui joué par Martin Freeman (Le Guide du voyageur galactique, Shaun of the dead), dont la ressemblance avec Billy Boyd (Pippin dans la trilogie) renforce étrangement l’ascendance Touque du personnage.


A côté de ces visages connus, nous suivrons principalement une compagnie de nains, parmi lesquels Richard Armitage (Captain America : First Avenger) dans le rôle de Thorin ou Ken Stott (Petits meurtres entre amis) dans celui de Balin. La présence de ces personnages au centre du récit ne sera pas anodine : à l’image de Gimli dans la trilogie, ils serviront à de nombreuses reprises de ressort comique...et c’est là que l’on trouvera le premier défaut du film, même si l’on pouvait s’y attendre. En effet, ce Voyage inattendu est beaucoup plus léger et se veut beaucoup plus drôle que Le Seigneur des anneaux. Seulement, cet humour, principalement constitué de blagues à base de rots et de nains ou de trolls qui braillent joyeusement n’importe quoi, finit par lasser. J’avoue de toute façon n’avoir jamais accroché à l’humour de Peter Jackson, que j’ai toujours trouvé un peu puéril. Oui, même dans Braindead. Heureusement, la seconde partie du film oubliera largement cet aspect...mais souffrira largement de la comparaison avec les trois premiers films.

Car si l’on replonge vite dans cet univers, on en connait désormais les codes, et l’on devine très vite le dénouement de la plupart des scènes. Et si la démesure de Peter Jackson fonctionne toujours admirablement lors des scènes de bataille, on est rapidement rattrapé par un sentiment de déjà-vu. Le réalisateur ne cherche à aucun moment à se renouveler, et tout est finalement un peu moins bien qu’il y a 10 ans. Les passages épiques le sont un peu moins, la magie, l’ampleur, l’émotion présentes dès La Communauté de l’anneau se sont atténuées. Le film reste souvent spectaculaire, et réserve quelques moments forts comme la bataille entre les géants de pierre ou l’attaque de Smaug, mais on n’atteint à aucun moment la puissance d’un passage dans la Moria, l’émotion de Amon Hen. Même les effets spéciaux ne semblent pas avoir progressé en une décennie : ayant revu la trilogie récemment, je trouve que beaucoup d’effets numériques ont commencé à vieillir, notamment avec certaines incrustations très moyennes et des personnages soudainement lisses ou flous. Cette impression se retrouve déjà dans Le Hobbit dans certains passages, tels que la bataille souterraine. En revanche, certains éléments semblent avoir fait l’objet d’un soin tout particulier, et particulièrement Gollum, absolument magnifique, ou les géants de pierre mentionnés plus haut. Les nouveaux personnages malfaisants bénéficient également d’un sacré charisme, comme Azog ou le roi des gobelins.

S’il reste évidemment largement supérieur à la grande majorité des films du genre, Le Hobbit : un voyage inattendu bénéficie et souffre en même temps de la comparaison avec Le Seigneur des Anneaux. Parfaitement cohérent, tant au niveau du visuel que du scénario, avec la trilogie, le film n’en retrouve néanmoins jamais l’intensité et le souffle, plombé par de multiples petits défauts. Pourtant, certaines pistes entamées lors de ce premier volet (le Nécromancien, le réveil de Smaug) laissent espèrer que le prochain volet, Le Hobbit : la désolation de Smaug, continuera sur la lancée de la seconde moitié de ce "Voyage inattendu", plus épique et plus sombre.

Note : 7/10

mercredi 12 décembre 2012

Ernest et Célestine


Titre : Ernest et Célestine
Réalisateur : Benjamin Renner, Vincent Patar, Stéphane Aubie
Acteurs : Lambert Wilson, Pauline Brunner
Date de sortie en France : 12 décembre 2012
Genre : animation, conte

Synopsis : 
Dans le monde conventionnel des ours, il est mal vu de se lier d’amitié avec une souris. Et pourtant, Ernest, gros ours marginal, clown et musicien, va accueillir chez lui la petite Célestine, une orpheline qui a fui le monde souterrain des rongeurs. Ces deux solitaires vont se soutenir et se réconforter, et bousculer ainsi l’ordre établi.   

Avis : 
Adapté de la série de livres pour la jeunesse du même nom de Gabrielle Vincent, Ernest et Célestine est un film d'animation mettant en image l'amitié entre une souris et un ours dans un monde où les deux espèces sont ennemies : pour les ours, les souris sont des nuisibles et des voleuses ; pour les souris, les ours sont des monstres sanguinaires dont l'unique but est de les dévorer. Les deux mondes sont ainsi strictement séparé, les souris ne s'aventurant chez les ours que pour récupérer les dents de lait laissées par les oursons.


Ernest et Célestine sont deux éléments à part dans leur communauté : marginal, mendiant et voleur, Ernest est régulièrement arrêté par la police, tandis que Célestine est fascinée par les ours, et remet en cause leur supposée cruauté. Un postulat de base assez simple, la rencontre entre deux individus que tout oppose restant assez classique, mais qui va donner lieu à un film d'animation très réussi et dépassant le simple statut de conte pour enfant.

Le film va en effet se montrer tour à tour drôle, poétique et malicieux, jouant sur l'incongruité de la présence de l'un ou l'autre personnage principal dans le monde opposé, mais va aussi se montrer assez intelligent dans sa description de cette société divisée par le racisme, allant jusqu'à rejeter et poursuivre quiconque ose se mêler avec l'ennemi. Les forces de police mettent tout en oeuvre pour attraper le duo, avant de leur imposer un jugement où la pression populaire aura raison des rares prises de conscience.

Et si tout se terminera - évidemment - de la meilleure façon, Ernest et Célestine reste un excellent film d'animation, au style graphique superbe et fourmillant de bonnes idées. Moins enfantin qu'il n'y paraît, voilà une vraie réussite, dont l'aspect malicieux et la beauté laissent un grand sourire sur le visage.

Note : 8,5/10